Décentralisation et développement local : encore des attentes

Déjà cinq ans que le ministère de la Décentralisation et du Développement local a vu le jour, à la faveur du décret présidentiel du 2 mars 2018. Un département ministériel en charge de l’élaboration, du suivi, de la mise en œuvre et de l’évaluation de la politique du gouvernement en matière de décentralisation ainsi que la promotion du développement local qui a été créé à la suite de l’éclatement de l’ancien ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Mais il faut surtout relever que ce département ministériel voit le jour dans un contexte marqué par la volonté d’accélération du processus mis en place depuis 2010 par le président de la République. Ceci dans le but d’une meilleure impulsion du développement dès la base. Les Camerounais souhaitent de plus en plus être impliqués dans la gestion de leurs affaires locales. Ce que le président de la République a bien compris. C’est dans ce sillage que la loi portant Code général des collectivités territoriales décentralisées est promulguée le 24 décembre 2019. Un an plus tard, les premiers conseils régionaux sont mis sur pied. Depuis lors, on peut constater que ces collectivités territoriales décentralisées, si elles ont bénéficié d’un certain nombre de compétences, continuent de fonctionner avec des dotations allouées par l’Etat. D’où des budgets qui peinent à dépasser le cap de cinq milliards de F. Lors du début de chaque session parlementaire, les responsables de ces collectivités territoriales décentralisées ont le regard rivé sur l’Assemblée nationale et le Sénat, dans l’espoir de voir y arriver, un texte législatif portant révision de la loi portant fiscalité locale du 15 décembre 2009. Cette dernière ne prend pas en compte, les attentes des régions. Cette attente a repris depuis vendredi dernier. Du côté du gouvernement, l’on se veut néanmoins rassurant sur le sujet.

Cinq ans après la création du ministère de la Décentralisation et du Développement local, dans un contexte marqué par la volonté du président de la République d’accélérer la mise en œuvre de la décentralisation, quel regard jetez-vous sur la marche de ce département ministériel ?
Cinq ans, ça peut paraître long, mais à mes yeux, cela est un peu court. Je mesure bien qu’en raison des instructions précises qui avaient été données en ce temps-là par le président de la République et réitérées par le Premier ministre, chef du gouvernement, nous avons posé un certain nombre d’actes, réalisé un certain nombre d’activités qui donnent à penser que, peut-être ce n’est pas la perfection, mais globalement, nous avons satisfait aux exigences qui constituaient notre mandat. Nous avons mis en place une administration, tant au niveau central que déconcentré. Nous avons fait un diagnostic détaillé de la situation des communes, élaboré un cadre juridique qui prenait dans un seul document, l’ensemble des préoccupations de la décentralisation que l’on a baptisé le Code général des collectivités territoriales décentralisées. Mais surtout, nous avons réussi à mettre en place le deuxième échelon de la décentralisation que sont les régions. Il me plaît de dire qu’à ce stade, nous avons fait suite aux recommandations du Grand dialogue national qui fixaient un seuil de financement de la décentralisation et qui conféraient un statut spécial aux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Nous appuyons les deux niveaux de la décentralisation pour que les compétences qui leur ont été transférées, augmentées pour les communes et nouvelles pour les régions, se mettent en place. Nous travaillons de manière à faire en sorte que les financements prévus par la loi parviennent aux collectivités. C’est un bilan globalement positif de mon point de vue.

Quelle analyse portez-vous sur les régions, à mi-parcours de leur premier mandat ? 
Je dois dire que les régions sont une instance nouvelle. Elles étaient prévues par la Constitution de 1996, mais elles n’avaient pas encore été mises en place. Les dispositions législatives avaient été organisées et améliorées en 2019. C’est une grande leçon de pédagogie, s’agissant des régions. Il s’est agi de s’assurer que le Code électoral qui permettait la mise en place de l’institution soit réaménagé pour que cette élection soit possible. Je rappelle que ce sont les élus locaux, pour les communes et la chefferie traditionnelle qui en constituent l’électorat. Il a fallu également que ces élections aient lieu effectivement et que les élus entrent en fonction. Je peux dire que l’installation physique des régions a été un succès. Nous avons travaillé en amont avant l’élection, à rendre disponible les locaux devant abriter ces collectivités territoriales, si bien qu’après l’élection, elles n’ont pas eu de mal à trouver de l’espace pour s’installer. Il restait à disposer d’une administration, de moyens humains et financiers et de compétences qui étaient prévues pour être transférées aux régions. Dans sa vision, le président de la République a demandé que nous ne nous précipitions pas, et que nous fassions ce travail méthodiquement. 

Comment appréciez-vous la mise en place du statut spécial dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ?
Le statut spécial accordé aux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest découle des recommandations du Grand dialogue national, et que le Code général des CTD a traduit en termes légaux. Il s’agissait, en référence à l’histoire et à la culture de ces deux régions, de s’inspirer de ce qui avait permis que les populations soient associées à la gestion de leurs affaires. C’est comme...

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