« Grâce au digital, la femme peut révolutionner sa vie »

Madame le ministre, qu’est-ce qui doit motiver la femme aujourd’hui à s’intéresser, voire évoluer dans le digital ?
Nous sommes à l’ère du numérique. Adopter une stratégie de digitalisation permet l’amélioration des relations avec la clientèle, donner une meilleure visibilité à son activité et se faire connaître auprès du public. Le digital permet d’accroître la productivité, de réduire les coûts opérationnels, d’analyser automatiquement les données, de développer de nouvelles compétences de communication, de favoriser des innovations au sein des entreprises. La prise en compte du genre dans le monde digital est nécessaire, car elle offre de nouvelles possibilités d’autonomisation des femmes et des filles à travers les opportunités d’emplois et de formation (e-learning) ainsi que le commerce en ligne. Que demander de plus ? Grâce au digital, la femme, qu’elle soit en milieu urbain ou rural, peut révolutionner sa vie ainsi que ses activités.  Le digital va permettre aux femmes de renforcer leurs capacités personnelles et commerciales à travers le e-commerce et la formation en ligne pour se faire connaître, mieux produire et vendre leurs produits. L’on a constaté de nombreuses disparités entre les femmes et les hommes alors que les métiers du numériques sont souvent considérés comme les emplois de l’avenir, le moteur de l’innovation, du bien-être social, d’une croissance inclusive et du développement durable. 

L’informatique, les nouvelles technologies, les algorithmes sont devenus omniprésents au quotidien et au service de tous. Pourtant, il n’y a presque pas de femmes parmi ceux qui les conçoivent…
Malgré les initiatives menées par les Etats, les partenaires au développement et la société civile, l’insertion des femmes et des filles dans les filières ou métiers des TIC reste faible. Les disparités persistent. Il est donc nécessaire de combler ces gaps et de lutter contre ces fléaux, non seulement par l’amélioration de l’accès des femmes et des filles au numérique, mais surtout par l’éducation et le renforcement de leurs capacités à l’usage bénéfique de ces innovations technologiques. C’est la raison pour laquelle des actions spécifiques sont menées avec les ministères en charge de l’éducation (MINEDUB, MINESEC et MINESUP) pour encourager les jeunes filles dans les filières scientifiques. Elles sont particulièrement sous-représentées dans l’enseignement des sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM) et, de ce fait, dans les carrières STEM. Je continue à dire qu’il faut un accompagnement spécifique pour permettre aux femmes et aux jeunes filles d’émerger dans le digital. 

Est-ce que dans ces domaines là aussi, les femmes et jeunes filles, élèves et étudiantes surtout, sont victimes des stéréotypes sexistes qui les décourageraient et maintiendraient loin de la discipline ?
Aujourd’hui, les filles scolarisées sont plus nombreuses que jamais, mais elles ne bénéficient pas toujours des mêmes chances que les garçons en termes d’achèvement des études et de choix de leur éducation. Trop de filles et de femmes sont freinées par des préjugés, des normes et attentes sociales qui influent sur la qualité de l’éducation qu’elles reçoivent et sur les matières qu’elles étudient. Le thème de cette 38e édition de la Journée internationale de la femme est donc interpellateur. Il nous invite à lutter contre les inégalités femmes/hommes dans le domaine du numérique. Nous devrons donc accentuer la sensibilisation et le plaidoyer pour rendre le numérique accessible à tous, et en leur transmettant des compétences pour un bon usage des TIC transformatrices du numérique.

Ces conditions favorisent-elles également un monde de start-up très masculin ?
L’impact de l’écart entre les hommes et les femmes dans le numérique sur l’élargissement des inégalités économiques et sociales est visible. Ces disparités lèsent les femmes et permettent que les hommes les devancent. Parce que les femmes n&rs...