Musique : revoilà Donny Elwood

Le chanteur réputé pour ses paroles uniques et ses textes engagés mais enrobés d’humour, est de retour avec un nouvel album « Offertorium », plus de 20 ans après le dernier.

2023 a commencé d’une drôle de manière pour Donny Elwood. Une rumeur, comme quoi l’artiste serait décédé, a envahi les plateformes de médias sociaux en fin janvier dernier. Comme une traînée de poudre, elle s’est répandue cette nouvelle macabre. Et comme de la poudre, elle s’est vite évaporée, pour laisser place à un Donny Elwood bien en chair et bien en vie, le 26 février dernier au Village Noah. Ce soir-là, l’artiste dévoilait son nouvel album : « Offertorium ». Un cadeau doré pour son public, à qui il a rudement manqué depuis « Eklektikos » sorti en 2001. Les paroles satiriques et cet humour dont il est seul maître, ont arraché fous rires et déclenché de la réflexion chez les mélomanes. Car oui, c’est un opus engagé « Offertorium ». Neuf titres brûlants pour dénoncer avec ce paradoxe omniprésent de solennité et de légèreté dans les textes de Donny Elwood. 
Des chansons comme « Patrick », « Ebode », « Nomade Ballade », « Ne tire pas », plongent dans une méditation autour de l’illettrisme, le braconnage, la corruption, l’égoïsme… Des maux et des mots : c’est en somme la force de cet album travaillé dans les studios de Yaoundé à New York, en passant par Paris.  Et que dire de la musicalité ? Cette guitare en feu – littéralement sur la pochette de l’album – en rajoute à cette belle aventure musicale. Il nous avait manqué Donny Elwood. Et son rire déchirant aussi. Il a beaucoup ri d’ailleurs au cours de cet entretien avec CT à la veille de la Journée internationale de la femme, à la « Marmite d’Ongola », ce célèbre restaurant du quartier Mimboman à Yaoundé. Il raconte tout sur ces 20 ans de travail et de concertation pour accoucher d’« Offertorium ».

Plus de 20 ans pour avoir dans les bacs un nouvel album de Donny Elwood… Comment s’est passé le processus de création d’« Offertorium » ?
« Offertorium », c’est une offrande, c’est un cadeau. L’esprit est comme une éponge qui emmagasine des choses. Toutes les rencontres que nous faisons changent notre manière de voir ces choses. On peut se dire que la sortie de cet album a mis beaucoup de temps, mais il faut comprendre qu’en tant qu’artiste, j’ai des exigences au niveau artistique et technique, sans oublier celles que m’impose l’évolution technologique. Je voulais faire cet album pour prouver qu’on peut travailler depuis le Cameroun avec des musiciens qui se retrouvent par exemple aux Etats-Unis et à travers le monde. J’ai commencé cet album après la résidence d’écriture à Paris en 2005. C’est un travail de longue haleine. En tant qu’artiste, en tant que créateur d’œuvres de l’esprit, toutes les rencontres que je fais tout au long de mon parcours changent ma façon d’aborder les choses, forcément. L'album était déjà prêt en termes de contenu. Toutes les chansons étaient déjà créées et exécutables sur scène. Il fallait rentrer en studio afin de trouver des équipes, mais aussi la méthode technique. C’était long. C'est un travail de production, ce qui veut dire qu'on part d'une idée, puis on se concentre sur le support et enfin au spectacle sur scène. Cela demande beaucoup de technique, d'argent, d'énergie, de bonnes personnes. Il faut pouvoir agencer les différentes idées et cela prend beaucoup de temps. Je n'aime pas travailler avec une sorte de revolver sur la tempe. J'ai beaucoup de respect pour les personnes qui écoutent ma musique. Que la perfection n'est pas de ce monde je le veux bien, mais j’ai voulu donner le maximum de moi-même pour les personnes qui apprécient ma musique.

Vous parlez justement d’agencer les différentes idées pour obtenir un produit final. Comment êtes-vous parvenu à partager votre univers avec celui des autres artistes ?
Au niveau de la création il n’y a pas vraiment de problème. On peut créer tout seul, puis associer des équipes dans lesquelles chacun vient avec son esprit. Vous avez des Français qui ont travaillé sur le projet, mais aussi des Camerounais vivant sur place ou ayant fait le tour du monde. Je suis au centre du projet, donc en quelque sorte je suis le chef. Il me faut avoir beaucoup de tact, de réserve, de maîtrise, pour surmonter tout cela. Si les grosses compagnies de musique n’acceptent pas de porter nos projets, nous ne pouvons fonctionner autrement qu'en autoproduction. Cela signifie qu’il faut créer des fonds en faisant des spectacles un peu partout. Vous apportez de l’énergie, et les autres apportent la leur. André Manga, le célèbre bassiste, a beaucoup travaillé sur ce projet. On a commencé par le studio du Conseil international des radios-télévisions d’expression française (Cirtef) à Yaoundé, puis on est passé par le studio de Jules Tawembe, qui a fait un gros travail en termes de programmation. Puis nous avons eu un partenaire qui est venu de Paris. Un de mes neveux a ensuite pris le relais à New York pour travailler les arrangements chez Sable Hub Media. Ça a été un travail laborieux et pour tout vous avouer, sans  rentrer dans les détails qui fâchent,  je ne pensais pas voir cet album être publié de mon vivant. Manu Dibango a toujours dit que: « L'accouchement se fait de manière difficile »...

Vous avez votre style accompagné d'une guitare,  mais depuis le début de votre carrière on a le sentiment que votre instrument de prédilection est votre voix. Êtes-vous du  même avis?
Oui. Vous savez je crois beaucoup en Dieu. Je s...

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