« Les enfants vont en ligne de plus en plus jeunes et naïfs »
- Par Marie Christine
- 27 mars 2023 12:37
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Minette Libom Li Likeng, ministre des Postes et Télécommunications.
Le président de la République, dans son message à la jeunesse le 10 février dernier, a dit avoir instruit au gouvernement l’élaboration d’une Charte sur la protection des enfants en ligne. Ce travail a-t-il déjà commencé ?
En effet, suivant les très hautes instructions du président de la République, S.E Paul Biya, répercutées par le Premier ministre, chef du gouvernement, il a été prescrit à mon département ministériel, l’élaboration d’une Charte sur la protection des enfants en ligne. Il s’agit d’un instrument juridique qui aura pour vocation de permettre l’utilisation sécurisée de l’internet et des technologies numériques y afférentes, par des personnes âgées de moins de 18 ans. Ces instructions font suite aux directives de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), l’Organisation spécialisée de l’ONU en matière de télécommunications et de TIC, qui demande à ses États membres d’être vigilants et de mettre en place des mesures plus efficaces pour la protection des enfants en ligne face à la cybercriminalité grandissante. Aussi, le président de la République, très préoccupé par les risques encourus par les enfants, suite aux nombreuses dérives sur Internet au Cameroun et en même temps soucieux d’honorer ses engagements sur le plan international, a-t-il bien voulu que le Cameroun s’arrime aux normes internationales en matière de protection des enfants en ligne.
Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Nous avons effectivement commencé le travail et il est même bien avancé. Un projet de texte a été élaboré, en collaboration avec les administrations en charge des questions relatives aux enfants et aux droits des enfants. À savoir, les ministères en charge des Enseignements primaire, secondaire, et universitaire ; les ministères en charge des Affaires sociales, de la Promotion de la Femme et de la Famille, de la Justice ; des administrations chargées de la Défense et de la Sécurité nationales ainsi que des organisations de la société civile. Pour l’élaboration de ce texte, il convient de signaler que nous avons bénéficié de l’accompagnement d’un consultant national, qui a été chargé de mener les enquêtes préliminaires sur l’utilisation des TIC et d’Internet par les enfants et qui a produit, un rapport disponible dans nos services, ressortant également les statistiques y afférentes. Comme nous l’avons dit plus haut, l’élaboration du projet de texte est achevée, le processus qui va jusqu’à sa promulgation par le chef de l’Etat est engagé. Vu l’attention particulière que les plus hautes autorités de l’Etat accordent à cette question, nous sommes certains que ce processus arrivera à son terme en temps opportun. Avec la loi portant charte de protection des enfants en ligne, le Cameroun disposera d’un véritable outil qui, en fixant les obligations de toutes les parties concernées, permettra de prévenir et d’éradiquer, les risques encourus par les enfants dans leur déploiement sur Internet et sur toutes les plateformes digitales. En somme, les plus hautes autorités de la République sont pleinement conscientes des enjeux, le gouvernement est mobilisé, pour faire face efficacement à ces défis.
Comment arriver à déterminer avec exactitude et justesse l’âge des internautes ?
C’est vrai que cela est un peu difficile dans un environnement où chacun, même les enfants que l’on croit souvent naïfs et innocents, apprennent et cherchent à outrepasser les règles établies dans la société. Les personnes mineures usent très souvent de beaucoup de stratagèmes, pour se faire passer pour des personnes adultes et accéder à des sites ou à des contenus qui ne leur sont pas en principe destinés, en présentant de fausses données d’identité ou en se faisant aider par des personnes adultes. Il existe cependant, de nombreux mécanismes qui sont mis en place pour connaître l’âge de l’internaute : par le parent ou tuteur de l’enfant qui peut activer le contrôle parental ; par des logiciels de reconnaissance faciale et/ou autres applications munies de l’intelligence artificielle, tels que les vérificateurs de l’âge des internautes qui doivent être mis en place, par les fournisseurs d’accès ou les fournisseurs de contenus.
Pourquoi cette question de protection des enfants en ligne semble-t-elle aujourd’hui si cruciale ?
Nous sommes à l’ère du numérique. Et nous vivons un nouveau paradigme avec la nouvelle génération des réseaux et d’Internet bourrés d’intelligence artificielle, avec l’Internet des objets, l’apprentissage automatique, les jouets connectés, les jeux en ligne, la robotique, etc. Aussi, cette question est-elle cruciale aujourd’hui parce que le paysage du numérique fait face à de nouveaux défis, vu les grands changements de ces dernières années, accélérés dans la période du Covid-19. Au cours de cette période, le travail, les enseignements ainsi que l’accès au matériel didactique en ligne et à distance ont été favorisés, mettant plus en danger les personnes vulnérables et les enfants, tant physiquement que psychologiquement et même socialement. Et il faut souligner que les enfants vont en ligne de plus en plus jeunes et naïfs. Internet et les technologies associées ont ouvert de nouveaux horizons, permettant aux enfants de communiquer, d’apprendre, de jouer, d’écouter de la musique et d’effectuer toutes sortes d’activités culturelles, éducatives, et de formation. Les enfants constituent l’une des cibles les plus vulnérables dans la société physique comme sur le cyberespace. Ils ont des droits qui leur sont reconnus (comme le droit à l’éducation, etc.). Il faut leur donner les moyens de s’épanouir, d’user d’Internet et des autres médias numériques avec assurance, tout en préservant leur intégrité, leur dignité, en toute sécurité, sans bafouer leurs droits et tout en les autonomisant. Il n’est pas superflu de signaler que Internet apporte à certaines catégories d’enfants, les handicapés en l’occurrence, de plus grandes facilités leur permettant de participer pleinement à la vie de la société. Tous ces enfants sont exposés aux contenus et à des comportements préjudiciables à leur bon épanouissement. Ce qui nécessite et justifie l’instauration d’un environnement adéquat. Il faut protéger un peu plus les enfants car, de l’autre côté, les malfrats du Net, les cybercriminels réinventent sans cesse leurs méthodes et leurs techniques et se réjouissent de la participation de plus d’innocents sur Internet. Raison pour laquelle, il est impératif d’adopter des mesures ciblées telle que cette Charte sur la protection des enfants en ligne, pour des actions efficaces permettant d’améliorer les systèmes de protection des enfants sur Internet. Il est notamment question ici, d’intégrer les considérations liées aux droits des enfants dans les politiques, stratégies et processus en faveur des enfants, afin de proposer à ces derniers, des contenus sains, de mieux les éduquer, de mieux armer leurs parents et tuteurs en vue de l’utilisation responsable des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), en faveur des enfants.
En attendant la Charte, comment le Minpostel s’assure-t-il qu’un minimum est déjà fait. Notamment par les opérateurs de téléphonie mobile et autres fournisseurs de services en ligne pour limiter l’accès des enfants a des contenus inappropriés ?
Avant toute action, au sein de mon département ministériel, nous procédons à la sensibilisation. C’est l’objet de la campagne nationale que nous avons engagée depuis trois ans, sur très hautes prescriptions du Chef de l’Etat, pour promouvoir la cybersécurité et une utilisation responsable des plateformes digitales. On ne le dira jamais assez, pour susciter une prise de conscience générale, l’éducation des populations et des utilisateurs des nouvelles technologies est primordiale, en commençant par les enfants eux-mêmes, leurs parents, tuteurs et éducateurs, les opérateurs fournisseurs de services et d’accès, et toute la société. Certes, la loi portant Charte de protection des enfants en ligne viendra préciser les responsabilités de t...
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