Pension-retraite : il faut humaniser les procédures

Le ministère des Finances à travers la direction générale du Budget a rendu disponible, il y a quelques jours, l’étude diagnostic du système de retraite dans l’administration publique camerounaise sur la période 2011-2020. Cette étude débouche sur un constat à la fois rassurant et alarmant : l’amélioration progressive de l’espérance de vie des retraités, contrairement aux décennies antérieures, creuse un déficit annuel global continuellement croissant allant de 5,4% en 2011 à 11,4% en 2020. Ce document révèle que pour payer les prestations sociales en 2020 par exemple, l’État a dû financer un déficit de 91,6 milliards. A en croire donc les analystes du Minfi et du Fmi, si la durée de vie active au cours de laquelle l’on cotise reste constante, celle au cours de laquelle les retraités perçoivent des pensions s’allonge du fait de l’accroissement de l’espérance de vie. Ce qui alourdit les charges des pensions à payer et tend à déséquilibrer le mécanisme de financement du système. Ce rapport invite à une réforme du système des retraites pour éviter que le déficit ne s’aggrave comme c’est le cas actuellement dans certains pays européens où, d’ici quelques décennies, on va assister à une arrivée massive de nouvelles générations à la retraite. On comprend donc pourquoi en présentant le Programme économique, financier, social et culturel du gouvernement pour l’exercice 2023 à l’Assemblée nationale le 20 novembre 2022, le Premier ministre, a annoncé la réalisation d’une étude de faisabilité de la mise en place d’une Caisse nationale des Personnels de l’Etat. En attendant une étude plus détaillée sur la situation, les experts proposent d’emblée, sur le plan paramétrique, un élargissement de l’assiette de cotisation, l’augmentation du taux de cotisation pension ou de contribution, la modulation du taux d’annuité et un meilleur encadrement du processus d’octroi de la pension d’invalidité. Mais la deuxième problématique du système de retraite au Cameroun est aussi et avant tout le chemin de croix que subissent les travailleurs à la fin de leur période d’activité. Si la retraite reste jusqu’aujourd’hui redoutée dans notre contexte et pousse le travailleur à solliciter des rallonges à n’en pas finir, c’est beaucoup plus à cause des souffrances qu’il endure pour accéder à sa pension. Le chemin qui mène au paiement de la pension est exagérément long et parsemé d’embûches. Un véritable parcours du combattant au bout duquel certains infortunés ne survivent pas. Les retraités du secteur public mettent des années pour boucler les formalités administratives et percevoir enfin leurs droits. Tout se passe comme si le travailleur doit subir une sorte de châtiment, de torture et de mépris après sa période d’activité avant de percevoir sa pension. Si les portes ne lui sont pas fermées tout simplement au nez, il doit passer passe des mois voire des années à suivre son dossier de retraite. Parfois le même dossier perdu délibérément ou par négligence doit être refait deux à trois fois et qui contient plusieurs documents à fournir alors que l’Etat dispose déjà de toutes ces informations. Certains d’entre eux, terrassés par les maladies chroniques liées à leur âge succombent avant même de percevoir leur pension. On peut incriminer l’ignorance des procédures, le manque d’informations, mais parfois et très souvent la vénalité de certains fonctionnaires. Ils sont parfois soumis à un racket alors que leur situation est désespérée. Le travailleur exerçant dans un établissement ou une entreprise public n’est pas en reste. Lorsque l’heure de la retraite arrive, il n’est pas à l’abri de mauvaises surprises par exemple quand la Caisse nationale de Prévoyance sociale (CNPS) lui fait comprendre que son employeur n’est pas à jour de ses cotisations. Une véritable désilusion pour celui qui a connu une vie prospère et heureuse en famille et en société. Livré désormais à une vie précaire, il est réduit à la mendicité. Cette précarité se traduit aussi par une angoisse permanente qui est à l’origine des maladies cardiovasculaires, des suicides quelques fois et très souvent de morts subites. Cette situation pou...

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