Financement du développement : changer de paradigme

Le Cameroun réussira-t-il effectivement à changer le cours de son destin pour devenir à l’horizon 2035 un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure ? C’est possible. A condition de lever les obstacles incontournables dans la quête du Graal. En effet, pour rester sur le sentier de l’émergence tracé par la Vision de développement à l’horizon indiqué, il faut être capable de relever en même temps plusieurs défis. Parmi ceux-ci, il y a la question du financement à laquelle il faut apporter des solutions urgentes face à d’immenses besoins. L’équation n’est guère facile car le budget de l’Etat est largement insuffisant par rapport aux montants astronomiques des ressources à mobiliser. Il faut donc recourir à d’autres leviers de financement pour mettre en œuvre les nombreux programmes, projets et initiatives retenus, afin d’obtenir un taux de croissance moyen de 8% par an (contre moins de 5% actuellement) sur la période 2020-2030. Les besoins globaux ont déjà été évalués. Lors de l’édition 2023 (28 mars) du Forum national sur le développement du Cameroun organisé sur le thème : « Le financement du développement économique, social, inclusif et durable », le Minepat, Alamine Ousmane Mey, a posé la problématique. Il a ainsi invité les participants à identifier les voies et moyens pour le financement approprié de la transformation structurelle et le développement inclusif et durable du Cameroun. Les objectifs poursuivis sont clairs : réaliser un taux de croissance moyen de 8% sur la période de référence ; assurer la réalisation des projets pour plus de 37 500 milliards de F tout en assurant le parachèvement de ceux en cours à concurrence de 50 mille milliards. Evaluation faite, on note une forte concentration des besoins en financement dans le secteur des infrastructures (31,7%), suivi du secteur rural (23,8%), du secteur de la santé (18,5%), puis du secteur des industries et des services (14,1%) A ce jour, des propositions de recommandations d’ordre général et thématique ont été formulées à l’issue du récent Forum. Parmi celles de portée générale, il a été suggéré, entre autres, de mobiliser et structurer la diaspora pour mieux capter ses ressources en vue de l’atteinte des objectifs de développement ; de développer des outils et instruments financiers adaptés aux besoins de la diaspora, à l’exemple du Rwanda ou du Maroc ; de renforcer l’endettement en cohérence avec le calendrier de mise en œuvre des grands projets transformateurs ; de mettre en place les zones économiques spéciales structurées autour de l’approche par filière; d’opérationnaliser le « One SDG Platform » qui est un « Basket Fund» pouvant permettre aux différents acteurs (Etat, partenaires techniques et financiers, secteur privé international) de mettre les ressources à disposition des PME locales. En outre, suivant l’approche par thème, il a été recommandé, s’agissant du financement des infrastructures productives, de mettre en place un référentiel de coûts et renforcer le processus de priorisation et de sélection des projets; d’accroître le volume des ressources mobilisées par les instruments de financement traditionnel ; de faire du partenariat publicprivé (PPP) un instrument privilégié de réalisation des infrastructures productives et identifier les projets de la SND30, notamment ceux du secteur industriel finançables en PPP, afin d’engager la procédure en collaboration avec le Conseil d’appui à la réalisation des contrats de partenariat. De même, la création d’une institution financière nationale dédiée au financement des infrastructures productives ; l’examen approfondi d’autres instruments de financement des infrastructures productives tels que les « Project Finance », les « Corporate Projects » et les Fonds de la diaspora sont des pistes à explorer. On pourrait également proposer au secteur privé le financement des projets d’envergure tels que les autoroutes ; amener les industriels à financer eux-mêmes les infrastructures utiles à leurs exploitations industrielles comme les ports et les chemins de fer ; faire évoluer la Charte des investissements pour intégrer les mécanismes alternatifs de financement ; s’inspirer des modèles chinois et brésiliens de joint-venture ; développer le « Sharly Risk Facility », un mécanisme de partage des risques qui permet aux banques de financer les projets. Pour ce qui est du financement du développement industriel et des chaînes de valeur agro-industrielles, la réflexion devrait s’engager en vue de la mise en place d’une redevance alimentaire pouvant générer au moins 100 milliards de F par an afin de financer le développement interne de l’activité agropastorale. La mise en place d’un mécanisme de financement de la recherche et de la production agro-pastorale a aussi été proposée. Tout en impliquant le ...

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