Mode opératoire : des mécanismes bien huilés

L’anecdote, au-delà d’amuser ses amis et tous ceux à qui il la raconte, est très instructive. « A cause de la nature de mon travail, je rentre très tard à la maison, généralement à partir de 22h. Alors, de peur d’être la cible de bandits, j’avais mis en place un système pour ne pas attirer l’attention et surtout embrouiller les personnes mal intentionnées. Je faisais plusieurs tours dans le quartier, empruntant des ruelles différentes, avant de laisser mon véhicule à la garderie et faire le reste du chemin à pied. A ma grande surprise, un soir, un jeune du quartier bien connu des services de police, m’attendait pour m’escorter à mon domicile. Chemin faisant, il m’a dit de ne plus me déranger à essayer de semer d’éventuels malfrats : qu’ils savent tout ce qu’il y a à savoir sur moi, qu’ils ne peuvent pas m’attaquer, que je suis un bon grand-frère dans le quartier, qu’ils veillent sur moi », relate Jérémie T., haut cadre dans une entreprise agro-alimentaire à Yaoundé.
A en croire les expériences de différents habitants de la capitale, ainsi que les analyses des forces de l’ordre, les malfaiteurs opèrent rarement au hasard. Ils étudient le fonctionnement de leurs cibles. Ainsi, ils usent de multiples méthodes de surveillance dans les quartiers. « Les bars, boutiques, tourne-dos et autres « beignetariats » à proximité des maisons d’habitation leur servent souvent de postes d’observation. Certains y sont installés à longueur de journées et de soirées pour vous observer. A force, ils savent à quelles heures vous, vos conjoints, enfants et employés de maisons sortent et rentrent. Généralement, les tenanciers de ces commerces, curieux et bavards, en connaissent toujours un rayon sur chacun dans le voisinage : ils finissent de les renseigner dans leurs divers », explique Armand Onomo, membre d’un comité de vigilance à Tsinga Village, dans l’arrondissement de Yaound&eac...