« Il faut communiquer suffisamment »

Dr Aurélien Nana, médecin de santé publique.

Qu’est-ce qui justifie cette persistance du choléra à laquelle l’on assiste depuis quelques mois dans plusieurs régions du pays ?
L'insalubrité, le manque d'urbanisation, le faible approvisionnement en eau potable, les défauts d'aménagement du territoire en sont quelques causes sous-jacentes. Il y a également le fait que malgré les périodes d'accalmie, on ne déclare jamais la fin de l'épidémie et ça donne l'impression que ce n'est jamais terminé. Pourtant, il y a des moments où ça se calme et généralement la saison des pluies vient renouveler les choses avec les inondations. On peut aussi accuser le manque d'actions pertinentes et menées à temps comme des opérations coup de poing comme la stratégie CATI (Case area targeted interventions). Ce sont des interventions ciblées autour du premier cas et axées sur la vaccination, le lavage des mains, la sensibilisation et la distribution des kits d'hygiène contenant aquatab. Si ces actions étaient menées à temps, elles allaient calmer l’épidémie dans ses débuts. 

Des habitudes à risque comme la consommation d’aliments sales ou mal conservés, la proximité des ménages avec les déchets de tout ordre et surtout, la consommation d’eau non potable contribue à l’installation de l’épidémie. Les populations vous semblent-elles suffisamment informées du danger ?
Du tout, si les gens ne sont même pas au courant qu'il y a une épidémie dans la ville. Vous comprenez qu'ils ne sont pas suffisamment informés du danger. Ce qui explique la flambée des cas. Car, une population sous informée ou mal informée ne saurait prendre conscience.

Malgré les différentes actions menées par les pouvoirs publics, notamment avec la fermeture périodique de certains marchés et l’interdiction de la vente des aliments à même le sol, les mauvais comportements ont la peau dure. Comment susciter la prise de conscience des populations ? 
La communication autour de l'épidémie n'est pas suffisante ce qui pourrait expliquer une prise de conscience mitigée. Il faut commencer par communiquer suffisamment. Il faut privilégier les approches Health Belief Models. Et en abordant l'aspect de participation communautaire, on peut mettre sur pied des projets d'assainissement des quartiers. On peut mieux i...

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