Tour cycliste : protéger l'image du Cameroun

La 19e édition du Tour cycliste international du Cameroun s’est achevée le 11 juin dernier sur le sacre du coureur marocain El Kouraji Mohcine. Si aucun Camerounais n’est sur le podium, la satisfaction générale était pourtant de mise. Il faut reconnaître que ce n’est pas une mince affaire que d’organiser une course de cette envergure sur plusieurs jours. Et on peut donc apprécier que le Tour se soit terminé sans incident grave. Cela n’empêche pourtant pas qu’on prenne le temps de s’arrêter un moment sur quelques aspects qui n’ont l’air de rien comme ça, mais qui comptent. 
La « neutralisation » du critérium à Douala, du fait de l’état des routes dégradées après de fortes pluies, est en tout cas loin d’être anodine. Les prévisions météorologiques permettent d’avoir une idée globale du temps qu’il fera sur plusieurs jours et on aurait pu préparer un plan B longtemps à l’avance. D’autres tâtonnements comme le changement du point de départ du tracé Pouma-Kribi, devenu Edéa-Kribi en raison de l’arrivée tardive des vélos, ou le jeu d’annulation-maintien de l’étape Loum-Dschang sont également à déplorer. Une compétition qui se veut sérieuse ne peut pas se permettre ce genre d’erreurs car il y va de la crédibilité de la Fédération. Le choix des étapes se doit d’être méticuleux plutôt que de répondre à des accointances ponctuelles. Et le dire n’est certainement pas une attaque ciblée contre la Fecacyclisme. Parce qu’une course comme le Tour cycliste du Cameroun est un évènement d’envergure internationale qui engage d’abord l’image du pays.
Et c’est justement là où le bât blesse. Cette édition 2023 a démontré, s’il en était encore besoin, que le Cameroun souffre d’un problème criant d’entretien de ses routes. Du moins pour celles qui existent. Voir des cyclistes se battre pour ne pas tomber dans un des nombreux nids-de-poule qui jonchent la route Déjà-Kribi, ou même à certains endroits de Garoua et ailleurs, n’est absolument pas reluisant pour un pays qui veut soigner son image. Et ça, ce n’est nullement le travail de la Fecacyclisme de s’assurer du bon état des routes. Même si on pourrait se montrer plus rigoureux dans le choix des tracés, puisque de toutes les façons, boucher les trous le temps du passage du peloton, ne règle pas vraiment le problème.
C’est ici que la responsabilité de tous les acteurs de la chaîne est interpellée.  Les mairies de villes, les collectivités territoriales et autres instances de la décentralisation notamment. A l’heure où l’image est devenue une donnée incontournable et que la retransmission en direct du Tour est désormais un rendez-vous, on ne peut plus se permettre d’avoir ces images de routes cabossées ou crevassées, sans oublier des trottoirs parfois crasseux. Le Tour du Cameroun devrait pourtant être une occasion pour les villes traversées de se faire découvrir aux yeux de l’Afrique et même du monde. Sans oublier les Camerounais eux-mêmes qui ne connaissent pas toujours vraiment bien leur propre pays. Le Tour de France, considéré comme la plus grande course cycliste au monde, a bâti sa réputation sur l’image renvoyée par les régions. Plus de 190 pays et près d’une centaine de chaînes TV sont aujourd’hui au rendez-vous chaque année de l’évènement, qui a largement dépassé l’aspect sportif.  Le Tour est désormais un voyage, mais aussi une grande et puissante campagne de communication. N’est-ce pas une occasion en or pour les collectivités décentralisées ?
A titre d’exemple, la ville de Nice a investi des millions d’euros pour accueillir les premières étapes du Tour de France en 2020. « Le Tour de France a coûté à la ville 3,5 millions d’euros. Mais l’enjeu vaut la chandelle. Chaque grande ville étape ou d’arrivée, sans parler de Paris, souhaite organiser un événement comme cel...

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