« Il faut renforcer les contrôles et les étendre de manière systématique »

Ces derniers jours, l’actualité est marquée par le lancement à Dschang d’une campagne de lutte contre l’utilisation du formol et d’autres produits toxiques dans les aliments. Ne vous êtes-vous pas senti interpellé par ces faits ?
Nous sommes interpellés, car la santé des populations est notre mandat et de ce fait tout ce qui touche à la consommation humaine relève du ministère de la Santé publique aussi. Nous intervenons dans la sécurité sanitaire des aliments de la production primaire à la production tertiaire (de la fourche à la fourchette ou de l’étable à la table). En dehors du formol utilisé pour la conservation de la viande, nous avons aussi la gamaline (pesticide) utilisée pour la pêche du poisson et bien d’autres encore, à l’exemple de l'éthéphon, utilisé frauduleusement pour le murissement rapide de la banane-plantain. En fait, ce produit est un régulateur de croissance végétale utilisé pour promouvoir la maturation de certains fruits comme l’ananas, les tomates, les betteraves ou encore le café. Son usage doit respecter les normes sinon, il devient nocif pour la santé. Toutes ces pratiques ont de lourdes conséquences sur la santé des consommateurs et en tant que responsable de la promotion de la santé, nous sommes fortement interpellés. Nos équipes techniques effectueront des descentes sur le terrain dans les jours qui viennent pour y mener des investigations approfondies sur toutes ces pratiques dangereuses afin de trouver des solutions efficaces de lutte contre ces usages frauduleux. 

Quels sont les dangers de ces produits chimiques pour la santé des consommateurs ? 
Je parlerai plutôt des risques pour la santé, car ces produits constituent des dangers. Tous ces produits présentent un risque de toxicité aiguë ou chronique. Que ce soit le formol, la gamaline ou l’éthéphon, ces produits sont tous cancérigènes à partir d’une certaine dose. Une étude publiée dans le « Global journal of biology, agriculture and health sciences » indique que le formol et certains produits chimiques utilisés pour prolonger la durée de conservation des fruits peuvent causer plusieurs problèmes de santé. Pour ce qui du formol, il entraîne des troubles respiratoires graves et des lésions viscérales sévères au niveau de l’estomac, de l’intestin et des reins. Quant à la gamaline, elle est neurotoxique et peut laisser des séquelles, même s’il n’y a pas de décès. L’éthéphon, pour sa part, peut être très toxique et très corrosif pour les cavités buccales et le pharynx, avec des risques de perforation pour le tube digestif et l’estomac, voire des risques de cancer de l’estomac.

Cette pratique n’est pas nouvelle. Ne pensez-vous pas qu’elle prospère parce que les contrôles et la répression sont quasiment inexistants ?
Je pense plutôt qu’il faudrait renforcer les contrôles et les étendre de manière systématique de la production primaire (culture de plantes et l'élevage d'animaux de rente destinés à produire des denrées alimentaires et des aliments pour animaux) à la production secondaire (celle issue d’une transformation dans une entreprise). Et ceci n’est possible qu’avec la contribution des autres administrations concernées telles que le MINADER en ce qui concerne les végétaux et le MINEPIA, s’agissant des animaux. 

Comment en arrive-t-on à la circulation et à la vente libre de telles substances sur le marché ?
Ces produits sont en vente libre sur le marché parce qu’ils sont destinés à un usage spécifique....