« Nous notons une dynamique positive de (re)pacification »

Pr. Aristide Menguele, enseignant de science politique, Université de Douala.

Dans le cadre de la politique de désarmement, de démobilisation et de réintégration, on enregistre plusieurs redditions dans le Nord-ouest et le Sud-ouest. Mais l’attaque de Bamenda qui a fait 10 morts récemment rappelle que certains jeunes restent encore membres des bandes armées. Qu’est-ce qui peut expliquer leur témérité ? 
La crise sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a amené le gouvernement sous l’impulsion du président de la République à penser un certain nombre de politiques de sortie de la crise. La création du Comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration participe des mesures prises en vue de (re)pacifier ces régions éprouvées par cette crise sécuritaire entretenue par des bandes terroristes. Du point de vue de ses missions, le Comité de désarmement est chargé « d’organiser, d’encadrer et de gérer le désarmement, la démobilisation et la réintégration des ex-combattants du Boko Haram et des groupes armés des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest » conformément aux dispositions pertinentes du décret N°2018/719 du 30 novembre 2018.  Depuis son entrée en fonction, cette institution a contribué de manière décisive à réintégrer et à resocialiser de nombreux ex-combattants aux valeurs de la République et de la Nation camerounaise.  A preuve, le vendredi 09 mai dernier à Yaoundé, M. Faï Yengo Francis, coordonnateur national du Comité de désarmement a annoncé la reddition de 100 ex-combattants qui rejoignaient ainsi les 3420 ex-combattants pensionnaires des Centres régionaux de désarmement, de démobilisation et de réintégration sociale de Maroua, Bamenda et Buea. Cette dynamique positive de (re)pacification des régions en crise n’est cependant pas un long fleuve tranquille. Elle connaît des velléités téméraires de résistances contre la normalisation de la situation sécuritaire. Ces velléités de résistance à la normalisation de la situation sécuritaire notamment dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont l’œuvre de certains jeunes qui vivent de l’économie de la criminalité et de l’insécurité (prise d’otages, demande de rançon, enlèvement, prélèvement des contributions financières, etc.) et qui s’activent dans une entreprise de  rentabilisation économique et financière de cette situation critique qu’ils instrumentalisent comme opportunité d’enrichissement non conventionnel. 

Plusieurs financiers de la crise dans ces régions ont été condamnés à l’étranger, notamment aux Etats-Unis. Comme certains l’estiment, traiter ainsi le mal à la racine peut-il constituer une solution définitive ?   
La neutralisation des financiers de la crise sécuritaire est incontestablement l’une des clés de la limitation, de la réduction significative et de l’annihilation de la capacité de nuisance des combattants. Elle n’est cependant pas une panacée. Les entrepreneurs du chaos et de l’insécurité ont généralement une grande capacité d’adaptation qui leur permet de s’ajuster en fonction des situations. Par conséquent, il est nécessaire de s’investir dans la réduction à sa plus simple expression de la capacité de nuisance des combattants non seulement en neutralisant leurs différentes sources de financement, mais aussi s’investissant à fond dans la pédagogie de la paix dont ils semblent de plus en plus prendre conscience de l’importance et de la nécessité au regard des désillusions et du désenchantement observé parmi les (ex)combattants. D’ailleurs, tout semble indiquer que, désormais, les (ex) combattants comprennent mieux la valeur didactique de cette déclaration du président Paul Biya lorsqu’il avertissait que « la paix n’est généralement appréciée à sa juste valeur lorsqu’elle n’est plus qu’un souvenir ».

En plus de la politique de désarmement et de démobilisation, la riposte du gouvernement passe aussi par la reconstruction et le statut spécial, entre autres. Quel regard jetez-vous sur les actions du gouvernement en vue de la pacification de ces deux régions ? 
Le répertoire d’actions mis à contribution par le gouvernement en vue de la pacification des régions d...

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