Nord-Ouest et Sud-Ouest : la magie du sport

On aurait pu penser qu’ils partaient avec un désavantage certain. Mais ce sont bien les représentants des régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest qui sont sortis grands vainqueurs du dernier tournoi Interpoules. ISOHSA et Bafmeng ont ainsi survolé la compétition, pour accéder avec brio au championnat professionnel de deuxième division, MTN Elite Two, le 27 juillet dernier à Yaoundé. Bien avant cette prouesse, c’est au sein de l’élite One que PWD de Bamenda, une autre équipe venant de la zone en crise joue les premiers rôles depuis quelque temps déjà. Le club mythique du chef-lieu de la région du Nord-Ouest connaît une seconde jeunesse ces dernières années, au point d’avoir remporté le championnat national au terme de la saison 2019-2020, puis la coupe du Cameroun l’année suivante. 
Qu’est-ce qui fait donc le secret de ces performances ? Comme souvent devant pareille interrogation, la réponse est d’abord technique. L’explication des victoires en sport, est à rechercher en premier lieu dans les qualités sportives des joueurs, de l’encadrement, et aussi les qualités managériales des dirigeants. Des ingrédients classiques auxquels on ne manquera pas d’ajouter les éléments d’adaptation judicieuse au contexte. L’analyse appelle donc forcément en plus, des capacités mentales capables de soulever des montagnes. La victoire du Cameroun à la Coupe d’Afrique des Nations de football en 2017, avec une équipe plutôt moyenne techniquement, reste une belle référence en la matière. 
Pour le cas d’espèce, évoluer dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest apparaît a priori comme un obstacle. En raison de l’instabilité socio-politique depuis bientôt 7 ans, la vie quotidienne y est fortement perturbée. Les menaces d’intimidation et les actes barbares des bandes armées séparatistes qui y sévissent, sont destinées à installer la panique et annihiler toute action positive. Et il est facile d’imaginer que ce n’est pas dans la grande sérénité que les footballeurs de PWD, de Bafmeng ou de ISOHSA vont chaque jour à leurs séances d’entraînement. Et pourtant ils y vont, bravent les frayeurs d’une éventuelle attaque, s’entraînent dur, cultivent leurs talents, pour ensuite défendre avec abnégation les couleurs de leurs clubs dans les stades. Le résultat, on le connaît : les équipes venues des régions en crise n’affichent aucun complexe d’infériorité, aucun défaitisme dans les compétitions nationales. Au contraire, elles montrent une étonnante résilience, mais aussi de l’aisance, du talent et un esprit conquérant qui les hissent aux sommets du football national.
C’est pourquoi les belles victoires engrangées par les clubs du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ne peuvent surtout pas être banalisées. Et puisqu’on évoquait les ingrédients du succès, ces résultats-là nous rappellent à quel point le sport a la force de transcender les divisions, les conflits et la peur. C’est encore plus vrai dans l’univers des sports collectifs, où une équipe peut être constituée de 11 joueurs avec 11 origines diverses. Il arrive en effet que des facteurs comme la nationalité, l’ethnie ou la religion séparent souvent les centres d’intérêts de membres d’une même équipe. Ils enfileront pourtant le même maillot pour poursuivre un objectif commun. 
Ainsi opère la magie du sport. Une activité ludique au départ, devenue professionnelle par la force des choses, mais qui malgré les enjeux parfois démesurés, n’a pas perdu une seule de ses valeurs essentielles. La première de ces vertus est sans doute le caractère rassembleur. A l’instar du football, discipline reine chez nous, le sport réunit d’abord des individualités pour en faire un collectif. Puis réunit des amateurs et des sympathisants autour de ce collectif. C’est tout ce beau monde qui entre en communion lors d’un match : les uns sur le terrain pour faire le spectacle, et les autres autour pour apporter leur soutien et port...

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