« L’embellie économique a joué en faveur du parti au pouvoir »
- Par Sainclair MEZING
- 11 sept. 2023 13:18
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Dr Serge Christian Alima Zoa, internationaliste, Centre de recherche et d’études politiques et stratégiques (CREPS) de l’Université de Yaoundé II-Soa.
Les élections régionales et locales en Côte d’Ivoire du 2 septembre dernier ont débouché sur la victoire du RHDP. Qu’est-ce qui peut expliquer cette suprématie du parti d’Alassane Ouattara ?
Au lendemain du double scrutin régional et local pour lequel près de 8 millions d’électeurs étaient appelés à voter, la Commission électorale indépendante (CEI) a annoncé les résultats compilés. Le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) a raflé 123 municipalités sur les 201 et 25 régions sur les 31 en jeu. Par cette écrasante victoire, le parti du président Alassane Ouattara confronte son statut de leader à deux années de la présidentielle. Par le litige prégnant du vote très communautaire et centré sur les grandes figures, le RHDP jouit pour certains observateurs du landerneau politique ivoirien d’une configuration démographique qui lui est favorable. En effet, les populations du nord, notamment dans les zones urbaines votent quasi systématiquement pour Ouattara. Le RHPD qui occupe le devant de la scène depuis une douzaine d’années jouit d’un électorat actif et mobilisé par ses candidats. Le pouvoir a ainsi choisi d’envoyer la totalité de ses ministres et cadres en fonction aux élections. Plusieurs d’entre eux, grâce à leur image et à leurs ressources, les ont remportées. A l’instar du président de l’Assemblé nationale, Adama Bictogo, vainqueur dans la commune de Yopougon, agglomération de 1,5 million d’habitants de la ville d’Abidjan, l’ensemble des ministres en course se sont imposés. Concernant le renouvellement des Conseils régionaux, les victoires du Premier ministre, Patrick Achi dans La Mé et du ministre de la Défense Tene Birahima Ouattara dans le Thologo porté par une croissance économique dynamique de 6,7% en 2022 et une politique axée sur le développement sont les plus emblématiques. En réalité, pour raffermir sa suprématie, le RHDP a su faire valoir au cours de ces élections locales, la carte de l’embellie économique et des timbales en matière d’infrastructures parmi lesquelles l’autoroute Tiebissou-Bouaké et le nouveau pont reliant les quartiers de Cocody et Plateau à Abidjan ou encore de l’usine d’eau potable de La Mé.
Comment comprendre la défaite de l’opposition malgré les alliances mises en place par endroits ?
Bien qu’ayant remporté 34 communes et quatre régions, les deux principaux partis d’opposition, à savoir le PDCI-RDA classé à droite et qui a perdu son chef, l’ancien président Henri Konan Bédié, et le PPA-CI à gauche de l’ancien président, Laurent Gbagbo, ont conclu une alliance partielle en juillet 2023 qualifiée de purement électoraliste. Pour les analystes, au-delà de dénonciations « des irrégularités graves et de fraudes massives niées par la CEI, la coalition de l’opposition de manière générale a connu de grosses difficultés dans les urnes. Pour certains observateurs, le grand perdant de ces élections est incontestablement la gauche avec la cuisante bérézina à Yopougon, ancien fief de Gbagbo que son fils n’est pas parvenu à reprendre. Celle-ci n’est plus visiblement en phase avec les dynamiques locales actuelles. Dans leurs positions traditionnelles, les populations ont évolué, pris de l’âge et le soutien pour Laurent Gbagbo s’est élimé. En l’absence d’une offre innovante, le PPA-CI demeure inaudible politiquement et la figure de Gbagbo, incarcéré près de dix ans à la Cour pénale internationale à La Haye pour crimes contre l’humanité avant d’être acquitté par grâce présidentielle, ne suffit plus à fédérer et à mobiliser l’électorat.
Comment expliquer la percée des candidats indépendants dans certaines circonscriptions jadis bastions imprenables des partis traditionnels ?
La percée des candidats indépendants au cours de ces élections locales s’intègre dans la reconfiguration engendrée par la fin des crises politiques qui ont secoué le pays entre 2002 et 2011. Elle décrit en réalité des électeurs désabusés par les dérives d’un syst&eg...
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