Filière café : l’urgence d’une vraie relance

Petit résultat d’un test gustatif. « Lorsqu'il s'agit du goût, de la saveur et de l'arôme riche du café du monde entier, le Cameroun est considéré comme le pays producteur de la meilleure qualité ». Ce verdict de cafetier se justifie par le fait que les variétés de café camerounais, le robusta et l’arabica sont uniques. Le pays offre ainsi un large éventail de saveurs de café authentiques et riches. C’est surtout le fruit du dur labeur des agriculteurs de chacun des bassins de production du pays, qui travaillent avec dévouement pour obtenir un produit de qualité. Mais le café n’est pas seulement une question de goût. C’est aussi et surtout un business servi à bonne tasse, qui trouve sa place depuis des décennies, dans le processus d’émergence de notre pays. Selon plusieurs analystes, l’économie nationale a connu un âge d’or grâce au café. Dans les années 70 en effet, le dynamisme des cultures de rente (café, cacao, thé, coton…) permit de bâtir une prospérité remarquable dans plusieurs ménages, malgré les écueils. 
Sous cet angle, l’on peut passer en revue le potentiel de notre pays, notamment à travers les bassins de production. En effet, selon les données de l’Office national du cacao et du café (ONCC), le café est l'une des denrées les plus produites au Cameroun. Il est principalement cultivé dans sept régions, à savoir l'Ouest, le Nord-Ouest, le Littoral, le Sud-Ouest, le Sud, le Centre et l'Est. Ces zones sont considérées comme les meilleurs bassins de production caféière du Cameroun, grâce à la qualité de leur production. En raison de l'altitude élevée, de la richesse des sols volcaniques et de l'abondance des précipitations, la production de café dans ces régions est de bonne qualité et répond aux normes de référence en la matière. 
En outre, cette production à grande échelle est très importante pour la croissance économique du Cameroun. Seulement, malgré ce potentiel naturel, elle connaît une chute importante depuis plusieurs années. En 2005, le Cameroun exportait 5 997 tonnes de café arabica et plus de 34 000 tonnes de la variété robusta. 15 ans plus tard, nous peinons à exporter 850 tonnes de café arabica et 25 000 tonnes de café robusta. En terme de production commercialisée, l’ONCC renseigne que le pays avait pu mobiliser près de 37 tonnes de robusta, et plus de 6 000 tonnes d’arabica dans les années 2005. Malheureusement, une chute vertigineuse est intervenue quelques années plus tard.  Seulement 2 350 tonnes de café arabica et 21 500 tonnes de la variété robusta commercialisés en 2019, par exemple. Le secteur est plombé. Pour dire le moins.
Face à cette situation, les pouvoirs publics ont multiplié les approches et stratégies. D’abord pour impliquer un plus grand nombre de jeunes. Car, ils semblent tourner le dos à la production de café. Et pourtant, c’est une source de richesse. D’après une enquête menée en 2011 par le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC), l’âge moyen du producteur de café était de 55,81 ans voire 65,11 ans dans la région de l’Ouest. C’est donc pour inverser la tendance que le CICC a mis sur pied, le programme « New Generation » qui vise le rajeunissement de la force de production. Dans la pratique, cet outil accompagne chaque jeune pendant trois années au cours desquelles il reçoit gratuitement une formation complète en même temps que tous les intrants nécessaires à la réalisation de son projet agricole de trois hectares minimum (soit un ha/an). Pendant ses quatre premières années de mise en œuvre, le programme « New Generation » affichait un bilan encourageant. Au total, 1478 jeunes formés, soit 1248 en cacao et 230 en café. En outre, 2651 ha de cacaoyers et 234 ha de caféiers ont été créés. Parallèlement, l’autre axe du plaidoyer repose sur les variétés améliorées pour accroître la productivité. Pour ce faire, d’importantes expérimentations ont été faites, afin de contribuer à l’amélioration du système de culture traditionnel du café robusta.
D’autre part, plusieurs variétés hybrides de caféier sont promues par les chercheurs. D’après des études, celles-ci allient des performances agronomiques remarquables – avec notamment une forte productivité (+40 à ...

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