Recherche et innovation : construire des ponts avec le secteur productif

Clôturée jeudi dernier dans la capitale, la 8e édition des Journées d’excellence de la recherche scientifique et de l’innovation au Cameroun (Jersic 2023) va-t-elle enfin faire bouger les lignes dans ce secteur hautement stratégique ? On peut l’espérer, compte tenu des résultats prometteurs des recherches qui ont été exposés à l’esplanade de l’Hôtel de ville de Yaoundé, de la densité des présentations et des débats qui ont eu lieu, ainsi que des partages de connaissances et d’expériences entre chercheurs, entrepreneurs, etc. On retiendra également que les domaines de la recherche et de l’innovation qui ont été abordés témoignent de la volonté des acteurs d’apporter des solutions concrètes aux problèmes auxquels les Camerounais sont confrontés. Il y a ainsi eu en vedette l’agro-industrie, avec, en ligne de mire, la transformation locale de la production agricole qui subit d’importantes pertes post-récoltes ; l’usage de la science, de la technologie et de l’innovation pour dynamiser l’industrie manufacturière embryonnaire ; la médecine alternative et la pharmacopée traditionnelle pour jeter les jalons d’une industrie pharmaceutique nationale afin de réduire  notre dépendance vis-à-vis des médicaments importés. On a par ailleurs noté une prise en compte des thématiques d’actualité dans l’écosystème mondial de la recherche. D’où l’intégration de nouveaux axes prioritaires liés à l’intelligence artificielle dans nos activités quotidiennes en l’adaptant à nos réalités, la considération accordée aux possibilités qu’offre l’énergie nucléaire civile ainsi que tout le bénéfice que nous pouvons tirer de la recherche spatiale.
Dans cette optique, le lancement d’un programme spatial national pour lequel un diagnostic des forces et faiblesses du Cameroun en rapport avec la domestication de ladite technologie a été réalisé, a montré les atouts dont dispose notre pour le développement dudit programme. De même qu’a été balisée la maîtrise par le Cameroun de la technologie du nucléaire civile pour son développement, notamment dans le domaine de l’énergie électrique, de la médecine nucléaire, de l’agriculture, de l’alimentation, etc. Autres signes porteurs d’espoir, la forte volonté du ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation (Minresi), Madeleine Tchuinté, d’aller toujours un peu plus loin depuis qu’elle a institué les Jersic en 2007. Elle a promis de porter à l’attention de la très haute hiérarchie les recommandations pertinentes formulées par les participantes au terme des travaux. Entre autres, renforcer la capacité financière et infrastructurelle de l’Institut de recherches médicales et d’études des plantes médicinales (IMPM) pour lui permettre d’accompagner plus efficacement la médecine traditionnelle ; renforcer les capacités des tradipraticiens afin de leur permettre de développer de bons reflexes de la pratique de la médecine traditionnelle. 
Autres recommandations-phares, vulgariser les résultats de la recherche dans le cadre des mécanismes de transfert des technologies en collaboration avec les Collectivités territoriales décentralisées et les PME/PMI ; favoriser la mise en place des projets-pilotes à travers des unités de production industrielle et des champs-écoles ; favoriser la mise en œuvre de l’effectivité de la commande publique telle que prescrite par la SND-30 en vue de booster le Made in Cameroon ; encourager la mise en œuvre des techniques de conservation et de transformation des produits agro-pastoraux afin de réduire les pertes après récoltes et les importations ; promouvoir la production locale des engrais et pesticides organiques fabriqués au Cameroun à partir de la matière première locale pour réduire les importations. Il est aussi question d’encourager la création d’entreprises innovantes à partir des résultats des recherches ; mettre sur pied un mécanisme de collaboration clair et limpide entre les tradipraticiens et les centres de recherche modernes; mettre en place un mécanisme national permettant la valorisation des résultats de la recherche ainsi que leur industrialisation. Car, c’est là le nœud du problème.
Décloisonner le monde de la rechercher et celui de la production des biens et services est par conséquent le prochain cap à franchir. En s’appuyant sur les propositions qui visent à construire des ponts entre les deux secteurs, dans le sillage du thème : « Recherche scientifique et innovation : important levier du Made in Cameroon et de la politique de l’import-substitution ». L’enjeu est de taille : faire en sorte que nos innovations impulsent des transformations socio-écono...

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