« Le Cameroun a beaucoup progressé »
- Par Yvan BOUNOUNG
- 06 nov. 2023 11:33
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Pr. Mathias Eric Owona Nguini, politologue, vice-recteur chargé de la recherche, de la coopération et des relations avec le monde des entreprises, à l’Université de Yaoundé I.
Le Renouveau a 41 ans cette année. Au regard des promesses de départ peut-on dire que le pari a été tenu ?
Tant que le régime du Renouveau est en place, il est difficile d’en faire un bilan définitif. Toutefois, l’on peut dire que le Cameroun a beaucoup progressé sur le chemin de la démocratisation, de la moralisation et de la rigueur. Parlant de la démocratisation, l’option envisagée au milieu des années 1980, par le président Paul Biya, était définie dans le cadre de l’organisation politique dominante en Afrique à cette époque, qui était le parti unique. Cela a permis d’abord d’opérer la démocratisation à l’intérieur, à travers l’institution d’élections concurrentes qui ont été mises en œuvre dès le renouvellement des organes de base du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) en 1986. Cette démocratisation s’est poursuivie avec les élections municipales d’octobre 1987 et les législatives d’avril 1988. La démocratisation a évolué, et s’est exprimée à travers le retour à un système politique de démocratie pluripartite. Et à partir de mars 1992, l’effectivité de la concurrence politique s’est effectivement installée, et c’est cette dynamique qui se poursuit. Cette démocratisation s’exprime aussi à travers une importante liberté d’expression qui a été renforcée par les lois de 1990, notamment la loi sur la liberté de communication sociale. Depuis lors, le Cameroun est entré dans un système de pluralisme médiatique qui permet à tous les citoyens de s’exprimer librement sur les affaires publiques, en tenant simplement compte des limites qui sont fixées par la législation et la réglementation en vigueur. La rigueur et la moralisation sont apparues dès l’accession du président Paul Biya au pouvoir. Depuis lors, le Cameroun a connu une évolution où des actions en termes de rigueur et de moralisation ont été menées contre différents opérateurs politiques ou économiques. Avec la montée des signaux inquiétants, en termes de corruption dans les années 1990 et 2000, le président Paul Biya a entamé une campagne importante de lutte contre la corruption qui a donné lieu, sur le plan politico-judiciaire, à l’opération épervier. Une opération qui a été une action notable et remarquable dans l’histoire politique des pays africains. Car, elle a donné lieu à une action massive permettant aux pouvoirs publics de lutter contre un certain nombre de personnes s’étant retrouvées impliquées dans des scandales politico-financiers.
Pour maintenir le cap du développement durable, en vue de l'émergence du pays à l'horizon 2035, le chef de l'Etat a inscrit la mise en œuvre de la SND30. Comment appréciez-vous les premiers pas de ce document ?
La SND30, en tant que document de référence, est venue modifier le Document stratégique de croissance et de l’emploi et repréciser les conditions de mise en œuvre de la vision 2035 du développement. Cette stratégie nationale de développement vise à faciliter le processus de progression du pays vers l’émergence. Mais elle fait encore face à un certain nombre de contraintes qui résultent du fait que les objectifs qui ont été fixés dès la première stratégie n’ont pas été complètement atteints. Par ailleurs, le pays fait actuellement face à de multiples contraintes sécuritaires et financières qui ne favorisent pas toujours la conduite complète de ce cheminement vers l’émergence.
Une certaine opinion critique la manière dont le processus de décentralisation est implémenté, arguant que le rythme est lent. Quel est votre avis là-dessus ?
Les changements institutionnels et structurels se font souvent avec une certaine lenteur. Les choses n’avancent pas nécessairement avec la célérité qu’attendent un certain nombre d’acteurs de la société. Cela est dû au fait que les systèmes institutionnels produisent des rigidités qui ne sont pas toujours faciles à transformer. Le Cameroun a engagé le mouvement de la décentralisation depuis les années 1990, à l’occasion de l’adoption et de la promulgation de la loi du 18 janvier 1996 portant révision de la Constitution. Le principe d’un Etat unitaire décentralisé a été consacré. Il a donné lieu à la mise en place des collectivités territoriales municipales et régionales. Dans les années 2004, il y a eu des lois qui sont venues préciser le cadre de la décentralisation, en définissant le régime des collectivités territoriales décentralisées (CTD)de type municipale et de type régional. En 2009, une loi sur la fiscalité régionale est venue compléter ce cadre. Beaucoup d’acteurs ont considéré que les évolutions étaient lentes, il a fallu les chocs liés à la crise des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest pour que le processus soit relancé. Cela a été fait en 2019, avec l’adoption du Code sur les CTD qui vient renforcer la décentralisation, en incorporant notamment le statut spécial pour ces régions, avec des institutions spécifiques. La décentralisation fonctionnelle a commencé, avec un certain nombre de transfert de compétences en direction des CTD,...
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