Interview : "une opportunité qui répond aux besoins des Communautés "
- Par Assiatou NGAPOUT M.
- 04 déc. 2023 13:28
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Dr Marthe Essengue-Elouma, responsable régionale de l’Alliance Gavi pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest.
Le Cameroun vient de recevoir plus de 300 000 doses de vaccin contre le paludisme. Quelle est la cible de cette première cargaison offerte par l’Organisation mondiale de la santé par l’entremise de l’Alliance du vaccin (GAVI) ?
Le Cameroun a sollicité auprès de Gavi, l’Alliance de vaccin, le soutien pour pouvoir accéder à ces vaccins pour les populations de zéro à cinq ans. L’Alliance Gavi a validé leur demande pour à peu près 1,3 million de doses pour vacciner dans 42 districts. Il s’agit des districts dans lesquels on a un risque élevé de la maladie, mais aussi beaucoup de décès liés au paludisme. Cette première livraison va donc permettre de commencer cette vaccination et de pouvoir la poursuivre de manière progressive.
Le Cameroun fait partie des 11 pays dans le monde, avec un poids très lourd du paludisme sur la santé des populations, avec un taux de mortalité très élevé. Nous avons remarqué, avec les études pilotes faites dans les autres pays où ces vaccins ont été testés, qu’il y avait une réduction d’à peu près 10% de la mortalité liée au paludisme, ainsi qu’une réduction de 22% des cas d’hospitalisations pour maladie grave. Avec ce bénéfice, lorsqu’on y ajoute les autres interventions qui existent dans la lutte contre le paludisme, notamment les insecticides, les moustiquaires imprégnées, les traitements adéquats, nous avons beaucoup de chances de réduire le taux de mortalité. Ces interventions antérieures de lutte contre le paludisme réduisaient déjà du tiers la mortalité. Donc, si vous y ajoutez le vaccin, nous sommes sûrs que cela va améliorer la santé des populations.
Plusieurs rumeurs circulent depuis quelque temps sur la qualité et l’efficacité de ce vaccin, ce qui crée le doute dans certains esprits. Quelles assurances pouvez-vous donner aux populations, bénéficiaires de ce vaccin, qu’il est efficace et ne va pas nuire à la santé ?
Plus de 30 pays en Afrique ont manifesté un intérêt à GAVI pour ce vaccin. Ce vaccin qui est très attendu depuis une trentaine d’années. J’ai participé à des consultations où des pays sont revenus depuis les 15 dernières années en disant à Gavi, si vous avez un vaccin à offrir à l’Afrique, c’est le vaccin contre le paludisme. Cette attente est donc importante. Deuxièmement, c’est un problème réel pour nos pays et nos enfants en Afrique. Un demi-million de personnes, dont des enfants, meurent de paludisme dans nos pays en Afrique. Avoir cet outil qui va contribuer à réduire cette mortalité en vaut la peine. Parce que chaque vie est précieuse. Lorsque nous avons des outils disponibles qui peuvent contribuer à sauver des vies, on ne peut que saisir ces opportunités. Pour nous, c’est donc une bonne opportunité qui répond aux besoins des communautés. Il faut juste leur expliquer que ce vaccin qu’ils ont tant attendu est là.
Vous faites partie d’une mission de GAVI qui séjourne au Cameroun depuis quelques jours. Quels autres aspects du partenariat lié à la vaccination, en dehors du paludisme, comptez-vous explorer ?
Nous souhaitons un certain nombre de choses à travers cette mission de l’Alliance Gavi conduite par le Pr. José Manuel Barroso, président du conseil d’administration de Gavi, ancien Premier ministre du Portugal et ancien président de la Commission européenne. Plusieurs objectifs étaient visés à travers cette mission. Premièrement, sécuriser l’engagement de haut niveau par rapport à la vaccination de routine et le besoin de rattraper les enfants manqués et ceux qui sont zéro dose. Il s’agit de ceux qui n’ont pas reçu de vaccin. Si on regarde les enfants de moins de 2 ans, on a au Cameroun à peu près 230 000 enfants qui n’ont pas été vaccinés par une seule dose de vaccin alors que les outils existent. Il est donc important pour nous que la vaccination de routine revienne.
Cela permettrait d’éviter de multiples épidémies dont on voit la recrudescence comme l’épidémie de rougeole. Deuxièmement, cette mission fait le plaidoyer par rapport à la pérennité financière de la vaccination. Nous espérons continuer cet engagement pour que ces financements soient envoyés ; au moins 20% des financements additionnels pour les vaccinations, pour permettre de répondre aux besoins du pays en matière de vaccination, mais aussi permettre qu’on puisse répondre aux besoins grandissants du secteur santé. Le troisième objectif, c’est de soutenir les efforts du gouvernement par rapport à la lutte contre cette hésitation vaccinale. C’est pour cela que la mission compte s’engager avec tous les acteurs, à savoir les leaders politiques, religieux, les parlementaires, la société civile, les communautés elles-mêmes, ainsi que les travailleurs du secteur de la santé pour joindre nos efforts et avoir des champions autour de la vaccination qui est un outil efficace qui a fait ses preuves jusque-là.
Enfin, l’objectif est que nous sommes venus en tant qu’alliance. C’est aussi une façon pour l’Alliance GAVI de démontrer son soutien autour du gouvernement pour pouvoir l’aider dans ses objectifs de la vaccination, mais les objectifs de santé de manière plus générale. C&rsqu...
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