Apprentissage du braille : le monde au bout des doigts

Le pas pressé, Issa Nanawoua, 30 ans, déficient visuel, accompagne son cadet, lui aussi handicapé, déposer son dossier pour le GCE Advanced Level session 2023/2024 au Lycée bilingue d’application de Yaoundé. Longeant à pied le Carrefour Lac pour ce sous-centre d’examen spécialisé pour élèves à besoins spéciaux ce 3 janvier 2024, l’étudiant en 2e année science politique à l’Université de Yaoundé II-Soa et futur candidat à l’Enam encourage de nouveau son cadet à concourir malgré son handicap.  « J’ai perdu la vue à 11 ans et pour poursuivre mes études, j’ai dû apprendre le braille au Centre chrétien Codas Caritas de Garoua. C’est ainsi que j’ai obtenu tous mes diplômes du secondaire. Raison pour laquelle je soutiens mon frère Yeesa dans cette rude épreuve », déclare l’aîné. 
Tout comme Yeesa, six autres déficients visuels ont repris les classes depuis mardi dernier au Lycée bilingue de Nkol-Eton. C’est le cas de François Ngabina de la Terminale A4 espagnol. Tablette à cuvette et poinçon entre les mains, le jeune homme de 19 ans apprivoise les 63 caractères, 40 lettres, 10 ponctuations et les 13 signes hors-séries de cet outil didactique. « Je n’ai pas de difficultés particulières à suivre les cours comme les personnes valides. Non seulement les enseignants dictent les notes lentement, mais j’ai l’opportunité de les interpeller lorsque je suis perdu. J’ai aussi la chance d’avoir des camarades qui me permettent d’être toujours au point », confie le candidat au baccalauréat session 2024. Pour permettre à ces jeunes à besoins spéciaux de bénéficier d’un encadrement adéquat, le Lycée bilingue de Nkol-Eton intensifie les cours verbaux et distribue des tablettes en braille lors de ses journées d’excellence. Cet établissement public inclusif a également recruté un personnel spécialisé ...