Intégration africaine : ces mesures salutaires

Depuis le 1er janvier 2024, le Kenya et le Rwanda ont rejoint le cercle très fermé des pays africains qui ont supprimé le visa pour « tous les Africains ». A l’ouverture officielle du Conseil mondial du voyage et du tourisme qui s’est déroulé à Kigali en novembre 2023, et qui a rassemblé des centaines de participants de l'industrie mondiale du tourisme, le président rwandais a décidé que désormais « tout Africain peut prendre l'avion pour le Rwanda quand il le souhaite et ne paiera rien » pour entrer dans son pays. Une déclaration qui a fait le bonheur des opérateurs du secteur du tourisme. Par la même occasion, Paul Kagamé a lancé un appel aux États africains pour qu'ils libéralisent leur espace aérien afin de libérer le potentiel du continent dans le secteur du tourisme. Le nouveau président kenyan avait déjà inscrit cette ouverture des frontières dans son programme politique lorsqu’il briguait la magistrature suprême de son pays en 2022. Pour William Ruto, «il est temps que nous réalisions l’importance de commercer entre nous et de permettre aux biens, aux services, aux personnes et aux idées de circuler librement à travers le continent ». L’autre bonne nouvelle, c’est que la liste des pays qui veulent assouplir les restrictions de voyage s’agrandit peu à peu. La ministre ghanéenne des Affaires étrangères a fait une déclaration d’intention dans ce sens il y a quelques semaines. Les autorités ghanéennes comptent même aller plus loin : outre les ressortissants de tous les pays africains qui peuvent entrer au Ghana sans visa, toutes les personnes d’ascendance africaine vivant à l’étranger, et ce, quelle que soit leur nationalité, sont exemptées de l’obligation de visa. 
A ce jour, l’exemption de visa pour les ressortissants africains est donc en vigueur dans cinq pays (Seychelles, Benin, Gambie, Kenya, Rwanda), sur les 54 que compte le continent africain. A cela s’ajoute une dizaine de pays comme la Namibie, l’Ile Maurice, le Sénégal, le Ghana…qui délivrent des visas à l’arrivée avec une autorisation de séjour jusqu’à 90 jours. On est bien en deçà de la politique et des discours volontaristes d’ouverture que prônent l’Union africaine (UA) et son ancêtre l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) depuis leur création. L’engagement le plus récent remonte à 2013. Cette année-là, un programme baptisé « vision et feuille de route pour les 50 prochaines années » de l'UA adopté par les 54 États membres, exhortait les pays à desserrer la vis à l’horizon 2018. Un projet présenté comme un « Schengen africain », même s’il ne s’agissait pas de supprimer les contrôles aux frontières comme en Europe mais simplement les obligations de visa.  Pour matérialiser cette ouverture des frontières africaines aux ressortissants africains, un passeport continental censé permettre de se rendre librement dans tous les pays du continent a été lancé en 2016. Mais depuis lors, ce document, s’il existe, reste une exclusivité des dirigeants, des diplomates et des fonctionnaires de l’UA.  Pourtant dans l’agenda de l’Union africaine, d’ici à l’horizon 2063, la liberté de circulation des ressortissants africains et des biens à l’intérieur du continent devrait être totale, sans aucune restriction, Cet « espace Schengen » à l’africaine constitue donc un challenge monumental pour un continent qui concentrera alors 40 % de la population mondiale. 
Les experts s’accordent à dire que la liberté de circulation à l’intérieur du continent est un préalable pour l’opérationnalisation effective de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Cette fluidité de mouvement permettra une mise en œuvre efficace des facilités de ce marché unique qui compte 1,3 milliard de consommateurs et qui est destiné à accroitre l’intégration et à booster les échanges intracontinentaux.  L’industrie touristique s’en trouverait également boostée. Ce n’est qu’un secret de polichinelle, les Africains, à cause certainement des tracasseries, voyagent plus dans d’autres continents qu’à l’intérieur du leur. Autre curiosité révélée par la Commission économique des Nations unies pou...

Reactions

Commentaires

    List is empty.

Laissez un Commentaire

De la meme catégorie