« La situation du réseau routier de notre pays s’est améliorée »

Emmanuel Nganou Djoumessi, ministre des Travaux publics.

Monsieur le ministre, au cours de la récente conférence semestrielle qui vient de s’achever à Yaoundé, la qualité des infrastructures routières était au centre des préoccupations. Quelle est, aujourd’hui la situation globale du réseau routier au Cameroun ?
Nous venons d’achever les travaux de la rencontre semestrielle de nos services. Elle nous a permis de poser les bases d’un travail d’équipe efficient, dans le but d’atteindre l’objectif central qui est celui d’améliorer la circulabilité sur nos axes routiers stratégiques, y compris ceux de proximité (routes communales).  Il faut dire que la situation du réseau routier de notre pays s’est améliorée d’année en année, avec l’intensification des investissements dans la réalisation des projets routiers. A ce jour, le linéaire global est estimé à 121 873 km, avec 10 225,58 km de routes bitumées au 31 décembre 2023 dont : 109 km d’autoroutes, 5 798,69 km de routes nationales, 1 606,08 km de routes régionales et 2 711,81 km de routes communales. En conformité avec la Stratégie nationale de développement SND30 (2020-2030), plusieurs actions sont en cours, dans le but de relever le stock du linéaire bitumé pour viser l’objectif de 6 000 km de nouvelles routes bitumées prescrit par ladite stratégie, d’améliorer le niveau de service de l’existant à travers la maintenance de 3 000 km de routes bitumées à réhabiliter et l’entretien permanent de l’ensemble du réseau routier. Au 31 décembre 2023, environ 2 400 km de routes ont été bitumées, soit, 73,46 % d’objectifs réalisés. Il est prévu dans les tout prochains jours, le démarrage du programme d’entretien confortatif des axes bitumés stratégiques que sont les sections des nationales N1 (Ngaoundéré-Garoua), la N3 (Douala-Yaoundé), la N5 (Bekoko-Bandjoun), la N7 (Edéa-Kribi) et la route régionale R0902 (Maroua-Mokolo), avec des financements issus du budget d’investissement public et du Fonds routier. Ce modèle de cofinancement qui a montré ses preuves sur l’axe Yaoundé-Ébolowa permettra ainsi d’allouer de ressources conséquentes pour des interventions appropriées sur ces axes routiers. 
Le réseau communal est celui qui connait des dégradations rapides, en ce qu’il est majoritairement en terre. En 2024, 180 Communes ont bénéficié de 12 milliards 600 millions de F, destinés à des travaux de traitement des points de rupture et des potentiels points de rupture, la poursuite des projets phasés des exercices antérieurs, la réalisation des projets intercommunaux.

L’exécution des projets routiers continue de faire face à certaines contraintes liées notamment à l’insuffisance des ressources financières, le suivi peu rigoureux des chantiers. Comment y remédier ?
Je voudrais préciser ici que les allocations budgétaires destinées aux travaux routiers sont importantes. Pour l’année 2024, elles couvrent environ 30 % des besoins exprimés. C’est dire la place qu’occupe le développement des infrastructures routières dans la concrétisation du Programme politique du président de la République, S.E Paul Biya. Compte tenu de l’environnement économique et financier global, il importe plutôt d’optimiser l’utilisation des moyens disponibles, pour faire plus avec peu. La stratégie de réduction des coûts mise en marche, vise à mieux utiliser les allocations budgétaires. En dépit des contraintes, nous livrons des projets ; nous réalisons des économies dans l’exécution des travaux et nous construisons des ouvrages dans des contextes difficiles, à l’instar du pont sur la Cross River entre le Cameroun et le Nigéria et du pont sur le Mayo Limani dans la région de l’Extrême-Nord, etc. Pour insister, il y a lieu de souligner qu’il existe effectivement un écart entre les besoins en ressources financières pour la construction et l’entretien des routes et les ressources disponibles. La Stratégie nationale de développement prévoie le bitumage d’au moins 6 000 km de routes entre 2020 et 2030. Pour y parvenir, nous travaillons à tirer vers le bas le coût des travaux routiers. Nous travaillons à mettre en place une usine de production du bitume qui est un composant essentiel qui contribuera à réduire les coûts, à tirer les coûts de construction vers le bas. Nous implémentons déjà en collaboration avec les autres partenaires du secteur du BTP (Entreprises, Ecoles de formation, Bureaux d’études techniques, etc.), des techniques innovantes telles que le recyclage des chaussées, l’entretien des routes en terre aux produits stabilisants et aux émulsions de bitume pour augmenter le linéaire à construire ou à entretenir avec les ressources disponibles. Ce qui nous amène à sortir des sentiers battus en innovant. Ces questions ont largement été débattues durant la rencontre semestrielle tenue du 24 au 25 janvier dernier. Nous continuons en outre, à insister sur les référentiels de suivi, à l’instar du Guide de l’ingénieur de suivi, distribué à tout le personnel impliqué dans le suivi des projets et bien d’autres outils dédiés comme le tableau de bord, …. Des avancées se font déjà ressentir à travers la réduction des coûts et des délais d’exécution. Pour cela, la capacité des entreprises est un facteur éminemment important dans le rendement que nous recherchons.

Vous avez insisté, pour le fustiger, sur la gangrène de la corruption dans le secteur, qui commence dès la procédure d’attribution, avec la loi du moins disant. Comment comptez-vous y mettre fin ou au moins réduire le phénomène ?
Vous soulevez là un problème qui reste d’actualité et qui constitue un combat permanent pour une maîtrise des coûts et partant, une efficiente exécution des projets routiers. Dans le domaine du bâtiment et travaux publics, des mesures fermes sont engagées pour contenir ce fléau. Le gouvernement s’est engagé dans la catégorisation des entreprises du secteur routier et tout récemment, le ministère des Marchés publics (Minmap) a rendu cette mesure concrète ; les commissions de passation des marchés devront l’intégrer dans les analyses des offres. Ce qui va limiter et même éloigner ceux des soumissionnaires qui, sans références constantes, réussissent par des manœuvres diverses à se faire attribuer des marchés ; les sanctions et les permutations régulières sont prises également pour assainir le processus de passation des marchés.

Quelles mesures préconisez-vous pour surmonter ces insuffisances et bien d’autres afin de fournir des routes susceptibles de contribuer à l’essor économique du Cameroun ?
De manière systémique, la catégorisation offre en elle-même une issue dans l’amélioration des interventions en ce qui concerne le choix des prestataires. A cela, il faut ajouter des actions conjointes Mintp-Minmap et qui concourent à assainir le processus de sélection au niveau des commissions de passation des marchés. Sur le plan interne, nous avons institué des mesures de gouvernance, notamment l’examen des décomptes, pour rejet ou validation, en Guichet unique, lors des réunions de chantiers mensuelles sur site. Le renouvellement des équipes dans les services dédiés et impliqués dans le processus de sélection des co-contractants. Je l’ai dit, sur le plan technique, nous travaillons à optimiser la qualité de nos infrastructures, avec l’introduction dans les dossiers...

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