Interview : « Le rôle d’une alerte est de créer un processus de mobilisation »
- Par Assiatou NGAPOUT M.
- 22 févr. 2024 14:33
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Pr. Baba Wame, sous-directeur des Réseaux et applications multimédias au ministère de la Communication.
Qu’est-ce qui peut expliquer selon vous, l’émergence des lanceurs d’alertes dans la dynamique des réseaux sociaux ?
L’avènement des réseaux sociaux est indubitablement l’un des facteurs majeurs de l’émergence des lanceurs d’alerte. Il faut croire que la montée dans nos sociétés des exigences de probité a conduit également à la multiplication des lanceurs d’alerte. De nos jours, le problème de la hiérarchisation des préoccupations a pris le pas sur celui du silence ou de l’oubli qui marquait la période antérieure, donnant toute sa place au porteur d’alertes.
De nouvelles formes de citoyenneté, d’activisme, de mobilisations dites alternatives, Internet et la société de l’information, ont modifié les conditions du traitement des alertes et des conflits. Elles ont, de fait, allongé la liste des médiations. Ces changements engagent par conséquence des formes inédites de prise de parole et de débat public qui malheureusement sont très souvent marqués par une tendance à la surenchère dans la divulgation massive en ligne d’informations à la fois sensibles et confidentielles.
Certains de ces acteurs sont régulièrement taxés de maîtres chanteurs. Quel est leur véritable rôle dans l’univers de la communication digitale ?
Il est important de rappeler que le rôle principal d’une alerte est de créer un processus de mobilisation, qui peut se déployer au cœur des institutions ou, à défaut, à l’extérieur, au sein de la société civile. Toute personne qui concourt au fonctionnement d’un monde social peut prendre, à tout moment, la place du lanceur d’alerte. Malheureusement dans notre contexte actuel, certains francs-tireurs se parent de cette appellation parce qu’elle est vertueuse, plus positive que celle de dénonciateur, de maître-chanteur ou encore de délateur.
Dans l’univers de la communication numérique, se faire appeler « lanceur d’alerte » participe à l’héroïsation de celui qui prend la parole. Le rôle du lanceur d’alerte est avant tout définie par le processus critique qui relie des actes de vigilance et des formes de prise de parole publique, elle ne saurait donc être un statut, et encore moins une identité que s’arrogeraient quelques figures héroïsées.
A l’heure où les internautes prennent pour argent comptant les informations publiées par des lanceurs d’alerte, comment évaluer la fiabilité de ces alertes ?
Il existe des critères légaux pour évaluer de la fiabilité d’une alerte. Il faut,...
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