Paul Biya : Pour le libéralisme communautaire : une pensée dynamique à la mesure des temps
Le libéralisme communautaire revisité et consolidé : de la constance de la pensée du Président Paul Biya
Pr. Luc SINDJOUN
Au terme de la lecture de la nouvelle édition enrichie et augmentée de l’essai du Président Paul Biya, Pour le libéralisme communautaire : une pensée dynamique à la mesure des temps présents, il m’a semblé judicieux de recourir au titre classique de Sénèque “la constance du sage”, pour traduire mon jugement.
La constance, ici, n’est pas une indifférence par rapport au temps et aux défis sans cesse renouvelés qu’impose le gouvernement de la multitude et de la diversité ; elle n’est pas une défense dogmatique à tout prix, voire à n’importe quel prix, des orientations politiques, économiques et culturelles.
Si la constance est persévérance dans la structuration de la pensée pour le développement, elle est aussi et surtout une réévaluation des options définies avec le bénéfice de l’épreuve de l’action, mieux une adaptation aux contraintes du temps et aux nécessités de l’heure.
La constance n’est pas synonyme d’immobilisme. Si, la constance renvoie à la régularité, à la permanence et à la stabilité, elle intègre aussi l’adaptation, l’approfondissement et l’enrichissement.
‘‘Une pensée qui prend en compte des mutations diverses ainsi que les besoins nouveaux, sans succomber aux pressions de la mode’’
Aussi comprend-on aisément le sous-titre choisi pour marquer la nouvelle édition, « une pensée dynamique à la mesure des temps présents ». C’est la preuve d’une attitude intellectuelle qui intègre la critique et l’auto-critique. Ce sous-titre, à lui tout seul, définit le libéralisme communautaire dans son rapport aux temps présents, non pas comme une pensée « néopathe » attirée de manière obsessionnelle par la mode, mais plutôt comme une pensée permettant de comprendre notre temps et d’agir de manière conséquente face aux défis de diverses nature (politique, économique, militaire, écologique, etc.). Dès lors qu’une pensée est conscience aiguë du présent et réponse pragmatique aux défis têtus, elle est fortune de l’âme et de la raison.
La constance de la proposition par le Président Paul Biya du libéralisme communautaire comme voie camerounaise d’émergence va de pair avec la prise en compte des mutations diverses ainsi que des besoins nouveaux, sans pour autant succomber aux pressions de la mode. Il en découle une conciliation dynamique entre le stable et le variable : la réalisation d’un tel équilibre, c’est la constance du sage qui est à l’origine du libéralisme communautaire revisité.
‘‘ Mon idéologie, c’est le Cameroun, toujours le Cameroun, encore le Cameroun dans une Afrique prospère et un monde solidaire’’. Paul Biya
Venons-en au cœur de la nouvelle édition de l’essai du Président Paul Biya. Qu’entend-il par libéralisme communautaire ? Commençons par rappeler la réticence de l’auteur par rapport à tout enfermement idéologique. Il affirme que : « Mon idéologie, c’est le Cameroun, toujours le Cameroun, encore le Cameroun dans une Afrique prospère et un monde solidaire » (P.18) ; le souci qui l’habite et qui ruissèle à travers les pages de son essai, c’est « accélérer la marche vers le Cameroun émergent…bâtir un Cameroun émergent, démocratique et uni… ». Par rapport à l’objectif de transformation qualitative du Cameroun, Le Président Paul Biya consolide la proposition d’une démarche pragmatique enracinée dans notre histoire et notre culture, dans nos aspirations et désirs, à savoir le libéralisme communautaire.
Il s’agit d’une vision lucide et d’une action méthodique d’amélioration substantielle des conditions, du cadre et de la qualité de la vie des camerounais.
Cinq principes majeurs caractérisent le libéralisme communautaire :
1. La Liberté d’entreprendre ;
2. La Solidarité (de tous pour tous, d’un pour tous et de tous pour un, à tous les niveaux international et national ;
3. L’interaction entre la Liberté et la Solidarité (à travers la Responsabilité ;
4. L’ancrage dans les réalités locales ;
5. La fonction régulatrice de l’Etat Démocratique.
Ces principes ne proviennent pas du ciel éthéré des idées pures, mais plutôt de la glaise de l’action, du retour d’expérience et de l’observation des bonds et retombées de notre société.
Le libéralisme communautaire est la matrice à partir de laquelle le Président Paul Biya consolide ses propositions pour l’accélération de l’émergence du Cameroun.
La première proposition a trait au renforcement de l’action diplomatique et du plaidoyer pour un monde de paix, de justice et d’égalité, pour une démocratisation des institutions internationales, pour une nouvelle architecture financière internationale, pour une Afrique unie, forte et prospère. La constance de la pensée tient à la revendication d’un nouvel ordre politique ainsi que d’un nouvel ordre économique et culturel international. Le nouvel ordre politique recherché consiste, au plan universel, en une plus grande affirmation du multilatéralisme, une réforme des institutions internationales et une refonte de l’architecture financière internationale, au plan africain, au renforcement de l’intégration régionale et en la mise en œuvre résolue de l’agenda 2063 de l’Union Africaine pour qu’advienne l’Afrique que nous voulons.
Quant au nouvel ordre économique et culturel, il s’agit, d’abord, de l’intensification de la coopération économique équitable entre États, ensuite, du rejet de l’uniformisation culturelle du monde. En fait, l’agenda du Président Paul Biya est celui de la permanence de la décolonisation des relations politiques, économiques et culturelles internationales.
La deuxième proposition est constituée par l’intensification de l’action de consolidation d’une nation jalouse de son unité et fière de son pluralisme culturel (ethnique, religieux, linguistique, etc.), d’un État indépendant, fort et légitime, d’un État de droit, d’une démocratie fondée sur la souveraineté du peuple, d’une société des libertés fondamentales, d’un État garantissant la sécurité et l’intégrité territoriale. L’objectif, c’est le raffermissement de la construction d’une société démocratique :
- La société démocratique dont il est question est d’abord une communauté nationale articulée autour d’un État souverain et d’une république une et indivisible, soudée par des valeurs fondamentales, affrontant avec détermination les forces centrifuges ( que sont le terrorisme de Boko Haram et le terrorisme sécessionniste) ;
- la société démocratique est ensuite une société dans laquelle l’État n’est pas un « gâteau », mais plutôt un ensemble de positions de pouvoir permettant d’assurer la sécurité sous toutes ses formes ( politique, économique, militaire, sanitaire, alimentaire, environnementale, humaine, sociale) et dont les titulaires sont habités par l’éthique du service public ;
la société démocratique est enfin une société d’Etat de droit, une société d’État fort et légitime s’appuyant sur une administration de progrès, une société de diffusion territoriale du pouvoir par le biais de la décentralisation, une société de promotion et de protection des libertés fondamentales, une société de prolifération des structures indépendantes de l’État.
La troisième proposition renvoie à une économie « au service des aspirations de tous et de chacun ». C’est une économie de l’émergence, bénéficiaire de la richesse du capital humain national et des progrès de l’intelligence artificielle. Ses principes cardinaux sont les suivants : - la planification démocratique ; - le développement des infrastructures ; - la priorité à l’agriculture ; - le soutien aux petites et moyennes entreprises ; - le développement de l’industrie (en tirant profit de la quatrième révolution industrielle en cours) ; - la maîtrise de la science et de la technologie ; - la création des emplois décents ; - l’efficacité des services ; - l’indépendance nationale. Il s’agit d’une économie animée par le secteur privé et régulée par l’État, pourvoyeuse d’emplois décents pour la jeunesse.
La quatrième proposition, c’est la justice sociale qui doit être poursuivie sans cesse à travers la consolidation d’un ordre politique fondé sur l’égalité des opportunités, sur l’équité des chances de succès, su...
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