Climat : forte chaleur à Yaoundé

Depuis quelques semaines, la cité capitale enregistre des niveaux de chaleur pratiquement jamais égalés. Ceci parfois avant 10h du matin, ce qui n’était pas le cas avant. Et à longueur de journée, il n’est plus rare d’entendre « C’est quoi ce soleil ? », « Qu’est-ce qui se passe exactement ? », « Comment le soleil peut brûler ainsi avant midi ? ». Et pour se protéger, les Yaoundéens se battent comme il peuvent : chapeaux, foulards, lunettes de soleil, crème solaire, c’est désormais chacun son astuce. Sans oublier que certains préfèrent s’enfermer dans leurs bureaux en attendant le coucher du soleil. Pour comprendre ce qui se passe exactement, CT s’est rapproché d’un expert en changement climatique. 

Pourquoi est-ce qu'il fait très chaud ces derniers temps dans la ville de Yaoundé ?
Depuis plusieurs semaines, il est indéniable que les résidents de la capitale camerounaise sont pris au piège d'une chaleur étouffante, surpassant les normes des années précédentes. Cette situation résulte de l'intersection de deux forces météorologiques majeures, fusionnant de manière dévastatrice. En premier lieu, nous avons la saison sèche, amorcée en novembre 2023 et qui tire à sa fin. Cette période, caractérisée par des températures élevées et des précipitations rares, contribue de manière significative aux journées et nuits caniculaires qui affligent actuellement la cité. Mais ce n’est pas tout. Une autre force cruciale entre en jeu : le phénomène climatique bien connu sous le nom d'El Niño. Surgissant tous les deux à sept ans, El Niño se caractérise par un réchauffement des eaux de surface de l'océan pacifique, ayant des répercussions sur le climat mondial, y compris dans le golfe de Guinée, où se niche le Cameroun. Des recherches récentes menées par l'Observatoire national sur les changements climatiques apportent des éclairages essentiels sur l'impact d'El Niño sur les températures au Cameroun. Leur analyse sur une période allant de 1950 à 2020 révèle clairement que les années marquées par ce phénomène climatique sont associées à une hausse des températures dans le pays. Ainsi, les températures anormalement élevées ressenties actuellement par les habitants de Yaoundé, tant de jour que de nuit, peuvent largement être attribuées à ce phénomène climatique mondial, selon les conclusions de ces études. 

Sans oublier que les pluies se font aussi rares…
Selon l'océanographe Sang-Ki, chercheur au Laboratoire océanographique et météorologique de l'Atlantique, la rareté des pluies trouve son explication dans le phénomène météorologique appelé "El Niño atlantique" - surnommé "le petit frère d'El Niño". Tel un frère cadet, El Niño Atlantique semble suivre les traces de son aîné, devenant souvent actif pendant l'été qui succède à un hiver El Niño. Il se distingue par des températures de surface de la mer supérieures à la normale dans le bassin équatorial oriental, ainsi que par des vents plus faibles que la moyenne dans l'ensemble de l'Atlantique oriental et central. Les répercussions locales de ce phénomène complexe incluent notamment la réduction des précipitations dans la région du Sahel.

Est-ce vraiment le moment de cultiver ou il faut encore attendre ?
Le simple démarrage des pluies ne suffit pas comme seul indicateur pour débuter les cultures. Cette année, les agriculteurs sont confrontés à une réalité inquiétante : les températures élevées et le faible niveau d’humidité présentent des risques sérieux pour leurs cultures, notamment ceux liés aux redoutables feux de brousse. Par conséquent, pour maximiser les chances de réussite et minimiser les aléas, il est vivement recommandé de suivre les conseils avisés des experts en agriculture, spécifiquement adaptés à la ré...