« Il faut des politiques efficaces pour une meilleure gestion des réfugiés »
- Par Yvan BOUNOUNG
- 18 avril 2024 11:33
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Pr. Nicolas Junior Yebega Ndjana, maître de conférences, chef de département de science politique à l'université de Bertoua.
Quelles sont les innovations contenues dans le plan de gestion des réfugiés 2022-2026 récemment adopté par le Cameroun et le HCR ?
Il faut relever que le Cameroun abrite une population importante de réfugiés qui fait l’objet d’une co-gestion. Le HCR occupant la place de partenaire spécialisé, il a présenté son Plan stratégique pluriannuel et multipartenaires pour 2022-2026, adopté par le gouvernement camerounais. Il est conçu pour améliorer le bien-être des personnes déplacées de force. Il permet de trouver des solutions qui les aident à devenir autonomes et à mieux contribuer au développement des communautés d'accueil. Cet outil est aligné au Pacte mondial pour les réfugiés, à l'Agenda pour le développement durable 2030 et à la Stratégie nationale de développement (SND30). Le nouveau Plan encourage l'intégration des personnes déplacées de force dans les programmes nationaux et locaux de développement, encourage leur intégration dans les programmes du Fonds des Nations-unies pour le développement et les Plans régionaux d'intervention humanitaire. Il est multi-partenarial, avec par exemple, l'assistance alimentaire en nature non assortie de conditions fournie aux réfugiés vulnérables, assurée dans le cadre d'un accord tripartite conclu entre le HCR, le Programme alimentaire mondial et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
Dans la sous-région Afrique centrale, le Cameroun abrite un nombre important de personnes déplacées de force, comparativement aux autres pays. Quelles sont les difficultés dont s’accompagne la gestion de ces personnes sur les différents sites ?
Pour avoir une idée de ce nombre important de réfugiés et des déplacés au Cameroun par rapport aux autres pays d’Afrique centrale, il est primordial de rappeler que le pays accueille environ deux millions de personnes relevant de la compétence du HCR, dont un million de personnes déplacées à l'intérieur du pays (statistiques de l’OCHA), 460 000 réfugiés et demandeurs d'asile et 466 000 personnes déplacées rapatriées chez-elles. Les réfugiés sont principalement originaires de la République centrafricaine (RCA) et du Nigeria, tandis que les personnes déplacées à l'intérieur du pays viennent des régions de l'Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. La plupart des 332 000 réfugiés centrafricains résident dans des villes et villages de la région de l’Est du pays, tandis que près de 120 000 réfugiés nigérians vivent dans la région de l'Extrême-Nord du Cameroun. 52% des réfugiés sont des femmes et des filles, et 55 % d'entre eux sont des enfants. 51% des personnes déplacées sont des enfants.
Cet état de fait est alarmant et pose bien-sûr de sérieuses difficultés de gestion des sites d’accueil. On peut citer, entre autres : la surpopulation et la promiscuité, la naissance des sites informels, la fuite des sites officiels et la dispersion dans la population locale ou nationale, la destruction de l’environnement, la transnationalisation des conflits avec les camps de réfugiés qui deviennent des sites de prolongement des conflits ou des lieux de combats, la dissémination de la violence avec une dimension amplificatrice de la conjoncture sécuritaire dans les villes environnantes, les conflits de voisinage et de culture avec les populations locales, l’informalité de la participation politique, la fraude à l’état civil et à la nationalité, etc.
D’une façon générale, quelles politiques mettre en place pour prévenir et juguler les différents conflits qui naissent souvent entre les réfugiés, déplacés internes et les communautés riveraines ?
Il est important de prévenir et d’éviter les crises de nature humaine, que ce soit au Cameroun comme dans les États voisins, pour que des masses de populations n’aient pas à se déplacer en fuyant une guerre par exemple. La présence de l’État dans la périphérie est à privilégier avec le renforcement administratif, la domestication des espaces transfrontaliers par l’État, la culture d’État, avec le processus d’étatisation de l’espace. La politique nationale de gestion des frontières doit être efficace pour éviter des entrées clandestines des réfugiés. Il faut par ailleurs éviter que la population étrangère ne soit plus importante que la population nationale, comme cela se remarque dans certaines zones frontalières. Ce travail devrait se faire sans aucun sentiment de xénophobie. Il est aussi nécessaire de travailler les stratégies d’inté...
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