« La diaspora est essentielle »

François Ngoumou, instructeur fédéral à la direction technique nationale de football du Cameroun.

Le sélectionneur national Marc Brys est en tournée européenne en ce moment auprès des footballeurs camerounais. Qu'est-ce que cette diaspora peut apporter sur le plan technique dans les différents compartiments de jeu de l'équipe nationale ?
Il faut d’abord relever que les Lions indomptables, c’est quasiment 100% des joueurs de la diaspora. Si on tient compte que la dernière liste de l’ancien sélectionneur Rigobert Song n’avait que deux joueurs locaux à la dernière Coupe d’Afrique des nations. Marc Brys, au-delà des paillettes, doit regarder les cinq ou six derniers matches des Lions indomptables. C’est donc tout à fait normal qu’il commence par faire le tour de la diaspora puisque nos joueurs évoluent en France, en Allemagne, en Turquie, et éventuellement en Asie, etc. Il y a de bons joueurs camerounais qui évoluent sur le continent comme Che Malone, par exemple, en Tanzanie. La diaspora est essentielle. Elle est l’ossature de l’équipe nationale. Il ne faut pas se leurrer. Il s’appuiera évidemment sur les joueurs qui entrent dans son plan, son animation et ses principes de jeu. 

Ces jeunes souffrent du dilemme de jouer soit pour leur pays d'origine, soit pour le pays où ils sont nés et ont grandi. Comment les rassurer et les amener à accepter la destination Cameroun ?
Il y a deux diasporas. Celle composée de joueurs formés au Cameroun et allés ensuite parfaire leur formation en Occident. Dans cette catégorie, on trouve parmi les emblématiques, Rigobert Song, Samuel Eto’o Fils, Patrick Suffo. Et la seconde diaspora comprend les enfants des Camerounais qui se sont exilés, ou les binationaux. Ils ont joué dans toutes les catégories dans les clubs de leur pays d’accueil avec toute l’organisation professionnelle qui sied. Et parfois, ils ont été recalés lorsqu’il s’agissait d’entrer en sélection nationale A. Ces joueurs-là sont des potentiels éléments pouvant intégrer le pays de leur mère ou de leur père. Pour cela, il faut une politique de séduction afin de leur vendre le projet Cameroun. Il est important qu’ils comprennent que le Cameroun n’est pas ce qu’on leur présente sur les réseaux sociaux, mais un pays qui a une histoire. Malheureusement, ces 10 dernières années, on s’est beaucoup illustré par les faits divers, les problèmes dans les tribunaux et l’inorganisation. Cet aspect peut les décourager. Pour cette deuxième catégorie, il faut des gens compétents, au-delà de l’entraîneur. Les deux diasporas sont disponibles pour l’entraîneur. Ce sera à lui de choisir ses joueurs en fonction de ses objectifs.  

Les joueurs de la seconde diaspora peuvent-ils véritablement épouser le fighting spirit qui fait la spécialité des Lions indomptables ?
Il y a des binationaux qui ont réussi au Cameroun. Patrick Mboma et Etame Mayer ont grandi en Europe. Le contexte dans lequel ces joueurs viennent jouer est déterminant. Si le contexte est favorable, ils vont s’exprimer à leur meilleur niveau exactement comme ça se passe dans ...

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