« Ça peut prendre un peu de temps, mais l'ordre régnera »

Monsieur le préfet, pourquoi n’arrive-t-on pas à faire respecter les zones interdites de circulation aux motos-taxis dans la ville de Yaoundé, malgré le dispositif réglementaire existant ? 
En dépit de plusieurs réunions de sensibilisation des motos-taxis et des contrôles des agents des municipalités, le constat est celui que vous faites. Les zones interdites à leur circulation ne sont pas respectées à 100%. Et pour cause : l'incivisme, l'ignorance de certains conducteurs qui débarquent à Yaoundé du jour au lendemain, sans la moindre connaissance même des feux de signalisation ; le manque d'engagement réel de ceux qui ont la contrainte légitime et qui également utilisent leurs motos pour des raisons de service ou les donnent à des cousins qui se lancent dans le transport.  À tout cela il faut ajouter la pression des clients qui trouvent que la moto est plus rapide et proposent des montants qui poussent le transporteur à franchir les zones interdites. Il faut néanmoins reconnaître que certains respectent ces zones interdites et ont un comportement très responsable sur la voie publique.

Avec l’entrée en scène des agents de la police municipale, les choses ne s’arrangent pas non plus. Deux morts ont d’ailleurs été enregistrés à Yaoundé Ier la semaine dernière. Qu’est-ce qui est fait depuis lors pour éviter que de tels drames ne se reproduisent ?
On regrette vraiment ce malheureux incident mortel. Je ne mets pas les gangs pour dire ici que les maires ont certainement la volonté de bien faire mais parfois, les ressources humaines en leur possession ne sont pas favorables. La voie publique demande une certaine courtoisie, une retenue et un discernement. Ce que vous désignez police municipale aura encore à apprendre parce que la formation de ces agents a été prévue par la loi, tout comme leur prestation de serment. Mais, les maires ont des contraintes et en attendant, ils font avec ce qu'ils ont. Malheureusement, ils veulent résoudre un problème et involontairement certainement, on en crée d'autres. Nous ne disons pas que ces agents ne sont pas utiles, non, bien au contraire, ils seront d'un grand apport pour assurer le bon ordre urbain. Personnellement, je sais que les maires ont beaucoup de missions, mais je ne comprends pas pourquoi leurs collaborateurs ont beaucoup d'engagement uniquement pour les motos. J'invite tous les maires à se poser cette question. En somme, ces incidents ne sont pas propres à une seule mairie, ni à Yaoundé. Cela signifie qu'il faut une solution à la base. Le mode de recrutement, la formation, la mission et les moyens.

Au cours de la réunion organisée au lendemain de cet incident, le ministre de l’Administration territoriale a demandé aux autorités administratives de jouer un rôle de premier plan pour assainir ces secteurs d’activité. Avez-vous entamé ce processus ?
À la suite de la réunion convoquée par le ministre d’Administration territoriale, autorité du maintien de l’ordre, les sous-préfets et les responsables syndicaux d'arrondissement sont sur le terrain pour encore sensibiliser et indiquer à nouveau les zones interdites. Le Minat a mis à disposition des moyens pour la cause. C'est une campagne perpétuelle qu'on doit mener. On regrette cependant que certains panneaux d'indication implantés par la Communauté urbaine soient de nuit, arrachés par ceux qui sont contre l'ordre et la discipline.

En ce qui concerne la police municipale, beaucoup s’accordent à dire que ces hommes ont un réel besoin de formation avant leur déploiement sur le terrain. Comment entendez-vous résoudre ce problème ?
Effectivement, toute chose s’apprend, surtout qu'en face on a ceux qui comprennent et ceux qui croient qu'ils ne peuvent rien comprendre. La formation pour nous est un impératif, je sais qu’il y aura une grande amélioration. Je préfère vous référer au ministre de la Décentralisation et du Développement local pour les aspects spécifiques de la formation des agents qui serviront dans les p...