Reboisement : nécessaire redynamisation

Le Cameroun s’est joint le 17 juin dernier à la communauté internationale pour commémorer la journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse. Trois mois plus tôt, le 21 mars, l’on observait la Journée internationale des forêts. Comme de tradition, les deux ministères en charge des questions de l’environnement et des forêts ont tenu à marquer d’une pierre blanche ces instants de commémoration en mettant en terre quelques plants pour coller à l’esprit de la célébration. Sauf que, contrairement à une époque reculée, ces actions de reboisement sont devenues de plus en plus purement symboliques. Qui ne se rappelle pas de ces opérations de reboisement d’envergure, menées tambour battant sur plusieurs sites dans les régions septentrionales dans l’optique de faire reculer l’avancée du désert et atténuer les effets de la sécheresse ? Mais aujourd’hui alors que les méfaits des changements climatiques se font plus ressentir avec des températures très hautes, l’on constate depuis quelques années que le reboisement est en perte de souffle.
« L’opération Sahel vert », lancée pendant les années 70 pour lutter contre la longue sécheresse, la dégradation des paysages et la désertification dans la zone soudano-sahélienne du Cameroun avait réussi à limiter les dégâts. Inscrit dans le cadre de la planification quinquennale, ce programme a bénéficié de financements conséquents issus des ressources publiques. En plus de ces opérations de reboisement, les populations étaient sensibilisées et éduquées à des gestes citoyens de préservation environnementale. Le ministère du Plan et plus tard celui de l’Environnement et des Forêts étaient à la manœuvre. Le gouvernement s’appuyait sur des structures opérationnelles (Fnfp, Cenafor, Onaref, Onadef). Même si sa mise en œuvre a été interrompue dans la décennie 1980 suite à la crise économique et ses corollaires, le programme a toutefois permis la création de nombreux microclimats dans la zone soudano-sahélienne du Cameroun, dont la matérialisation est encore visible dans plusieurs établissements scolaires et les villes comme Maroua, Garoua, Guidiguis, Kaélé, Yagoua, Mokolo, Kousseri, Mora…doivent aujourd’hui leur couvert végétal à ces actions de reboisement. 
Dans la décennie 90, l’Etat se désengage des secteurs productifs pour se recentrer sur ses missions régaliennes. La plupart des structures opérationnelles mettent la clé sous le paillasson. L’avènement du ministère de l’Environnement et des Forêts en 1992 puis son éclatement en deux ministères distincts (Environnement et Protection de la Nature) et (Forêts et Faune) en 2004 multiplie les pôles d’intervention en matière de reboisement. Chaque département ministériel conçoit son propre programme de reboisement. Au ministère de l’Environnement, l’opération Sahel vert est réactivée en 2008 et reçoit des ressources issues du budget d’investissement public. Entre 600 et 800 millions de F sont consacrés au programme dans le budget annuel de l’Etat. En plus du reboisement, on y greffe la fabrication et la distribution des foyers améliorés pour réduire la pression anthropique des ménages sur le bois-énergie dont la coupe abusive menace la disparition de ce qui tient lieu de couvert végétal. Au terme de neuf années (2008-2016) de mise en œuvre du Projet, les résultats se traduisent principalement par le reboisement de près de 30 000 ha répartis sur 80 sites dont les superficies varient entre 250 et 1 500 ha. Après 2016, les sources de financement tarissent.  La conjoncture internationale et les effets conjugués de la crise sanitaire du Covid, la grisaille du marché international des matières premières ainsi que la guerre russo-ukarinienne ne sont pas pour arranger les choses. Le Bip qui était sa principale source de financement de 2008 à 2016 n’est plus garanti. L’émergence de nouveaux acteurs dans la lutte contre la désertification, la dégradation des terres et la sécheresse invite à redéfinir le cadre réglementaire et juridique de leurs interventions en vue de veiller à la préservation des intérêts des communautés bénéficiaires. La réactualisation du document de référence du projet « Opération Sahel vert » a été actée et vise donc à prendre en compte les nouvelles dynamiques susceptibles d’impacter la mise en œuvre efficiente des stratégies opérationnelles de lutte contre la désertification et la dégradation des sols dans la zone soudano-sahélienne.  Le projet s’étend désormais dans le Nord avec l’« Aménagement du Bassin Versant de la Bénoué ». Mais l’argent se fait rare. La décentralisation exige le transfert des ressources aux collectivités territoriales décentralisées. Le ministère de l’Environnement transfère chaque année 350 millions de F aux communes à raison de 15 millions...

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