Interdiction de séjour dans le Mfoundi : le préfet explique

Le 16 juillet dernier, le préfet, Emmanuel Mariel Djikdent, a signé un arrêté menaçant d’interdiction de séjour dans le département toute personne qui « appelle au soulèvement contre les institutions de la République ; outrage dangereusement les institutions ou celui qui les incarne (par tout moyen de communication suivi dans le département) ; entreprend des manœuvres pouvant entraîner de graves troubles à l’ordre public ». Cet acte a été pris dans le sillage de la rencontre entre le préfet et des responsables des médias mardi dernier pour les inviter à une pratique journalistique qui respecte les règles éthiques et professionnelles du métier. Il a surtout été question de recadrage et de canalisation des invités et consultants des débats télévisés, dont certains s’illustrent souvent par des propos inappropriés. Suite à l’arrêté du préfet, certains responsables politiques et des acteurs de la société civile estiment que la mesure visant l’interdiction de séjour dans le département est une entrave aux libertés individuelles des citoyens. Ce que réfute ce dernier. Approché par Cameroon Tribune, Emmanuel Mariel Djikdent parle plutôt de la nécessité de prévenir des troubles à l’ordre à public, notamment en cette année pré-électorale.  
 

Le 16 juillet dernier, vous avez signé un arrêté dans lequel vous mettez en garde contre certains comportements pouvant conduire à des troubles à l’ordre public. Qu’est-ce qui a motivé cette mesure ?
Le préfet est garant de l’ordre public dans le département et le maintien de l’ordre est d’abord et essentiellement une action préventive. L’idéal ici est qu’il vaut mieux prévenir les désordres que d’avoir à rétablir l’ordre. L’acte que nous avons pris va donc dans ce sens. On ne saurait admettre des appels aux soulèvements contre les institutions de la République et il est très indécent de tenir un type de propos à l’encontre de celui qui incarne lesdites institutions. Par pudeur, je ne voudrais pas parler d’insultes. Ce type de comportements perturbe la quiétude de plus d’une personne. Si vous suivez les sorties de certains invités sur les plateaux de télévision ou dans des studios de radio, vous aurez pitié et honte de ce que certains appellent liberté d’expression. Être libre de s’exprimer ne signifie pas qu’on appelle au soulèvement et à l’insurrection ou qu’on invective. Il fallait déjà faire cette mise-en-garde avant qu’il ne soit trop tard. Personne n’est touché jusqu’ici, mais celui qui se manifestera sur ce qui est prévu à l’article 1er se sera volontairement invité à l’interdiction de séjourner dans le Mfoundi.

Que répondez-vous à ceux qui réagissent à votre arrêté en estimant que cette menace d’interdiction de séjour dans le département est une entrave à la liberté d’aller et venir des citoyens ?
Le préfet ne saurait être un obstacle à l’exercice des libertés. Au contraire, il veille à ce que ces libertés s’exercent sans entraves. Pensez-vous que la liberté d’aller et venir puisse encore être effective quand il y a soulèvement contre les institutions ? Ou quand on ne respecte plus ces institutions ? Il s’agit de concilier ici ordre public et libertés publiques car, sans le premier, les secondes sont impossibles. Je prends toujours la figure de la bouteille et de l’eau qui y est. Si la bouteille se casse, l’eau se verse. Il faut donc préserver le récipient pour que son contenu ne se verse pas.

Vous mettez également en garde ceux qui, d’après vos termes, outragent « dangereusement les institutions et celui qui les incarne ». Est-il désormais interdit de formuler des critiques à l’endroit des autorités ?
Si les gens sont honnêtes, ils verraient que l’arrêté n’a jamais interdit la critique. Mais on doit m’expliquer s’il n’y a pas une différence entre critiquer et invectiver. On ne saurait contraindre tout le monde à penser de la même façon. Certains veulent simplement déplacer le sujet pourtant clair. Dois-je penser q...

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