« Tous les acteurs doivent rester mobilisés »
- Par Lucien BODO
- 31 juil. 2024 12:31
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Dr Nicolas Serge Ndock, enseignant de science politique à l’Université de Ngaoundéré.
Avec la prolongation du mandat des députés et des conseillers municipaux, il n’y aura plus que la présidentielle et les régionales qui seront organisées l’année prochaine. Comment analysez-vous ce choix du gouvernement ?
Ce que je peux dire c’est que les raisons invoquées par le gouvernement peuvent être rattachées à plusieurs facteurs. Ils sont d’abord historiques, ensuite juridiques et enfin budgétaires. En ce qui concerne les facteurs historiques, il convient de rappeler que ce n’est pas la première fois que des élections législatives et municipales sont reportées dans notre pays. Les législatives de 2017 avaient été renvoyées en 2020, les municipales de 2001 avaient été repoussées en 2002, et celles de 2017 en 2020. S’agissant des facteurs juridiques, la loi de 2012 portant Code électoral donne la possibilité au président de la République de proroger le mandat des conseillers municipaux. La Constitution l’y autorise en ce qui concerne les députés, après accord obligatoire de l’Assemblée nationale. Tout ce processus a été respecté. Pour ce qui est des facteurs budgétaires, il faut constater qu’il est difficile, dans un contexte de tension de trésorerie décuplée par les nombreuses crises sécuritaires auxquelles le pays fait face, d’organiser toutes ces élections en 2025. Je rappelle que selon le rapport d’Elections Cameroon sur l’élection présidentielle de 2018, le budget pour l’organisation de ce scrutin était de plus de 25 milliards de F.
Qu’est-ce que cette modification du calendrier électoral induit pour l’ensemble des acteurs impliqués ?
Je ne parlerais réellement pas de « modification du calendrier électoral ». Car, le calendrier électoral est l’ensemble des scrutins électoraux inscrits de manière séquencée et chronologique dans l’agenda institutionnel, avec la prise en compte des différents aménagements et réaménagements prévus par la réglementation en vigueur. Ces aménagements et réaménagements juridiquement prévus et autorisés s’observent dans les prorogations de mandats. Je dirais plutôt que les réaménagements juridiquement prévus ont été effectués. Tous les acteurs, pour autant qu’ils soient des entrepreneurs politiques, devraient être au courant des textes et de la possibilité de ces différents aménagements normatifs prévus par la législation en matière électorale. En revanche, il est évident que tous les acteurs ne peuvent pas accueillir ces réaménagements du calendrier électoral de la même manière. Certains y voient un avantage stratégique et comparatif alors que d’autres y voient un handicap électoral avant le départ, en ce qui concerne les partis politiques. Dans tous les cas, il s’impose un nécessaire ajustement et une révision des plans de conquête pour ceux qui en disposaient déjà et tout le monde doit rester mobilisé.
On peut noter que l’allègement du calendrier électoral permettra à Elections Cameroon de mobiliser une logistique beaucoup moins lourde et un budget moins important en 2025. Les partis politiques autorisés à prendre part à l’élection présidentielle de 2025 n’auront pas à se disperser dans une multitude de scrutins budgétivores et énergivores. Ainsi, auront-ils la poss...
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