« Certains dirigeants nourrissent ambitions politiques sur la durée »
- Par Sainclair MEZING
- 01 août 2024 13:50
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Dr. Serge Christian Alima Zoa, internationaliste, Centre de recherche et d’études politiques et stratégiques (CREPS) de l’Université de Yaoundé II-Soa, Université catholique d’Afrique centrale.
Les régimes militaires de transition au Mali, en Guinée, au Burkina Faso et au Niger s’éternisent. L’absence de calendrier clair conduisant à des élections et l’entrave aux libertés publiques de plus en plus décriée ne constituent-ils pas la preuve qu’ils ne sont pas prêts à un retour à l’ordre constitutionnel dans ces pays ?
Les leaders des coups d’État ont choisi à brûle-pourpoint de présider eux-mêmes les transitions avec des Premiers ministres civils. Les autorités militaires du Mali, de la Guinée, du Burkina Faso et du Niger sont déjà au pouvoir depuis plus de 46, 33, 28 et 10 mois respectivement. Selon plusieurs observateurs, ces dirigeants, dans une approche marmoréenne, se perçoivent comme des acteurs d’une forme de refondation de leurs États et certains semblent nourrir des ambitions politiques sur la durée, éloignant ainsi la perspective d’un retour à l’ordre constitutionnel.
Pour justifier sa prise de pouvoir par la force, chacun de ces régimes, à son arrivée, a brandi la lutte contre le terrorisme, la corruption et sa volonté de faire accéder son pays à une véritable Indépendance. A ce jour chacun de ces régimes a-t-il pu atteindre ces objectifs ?
Ni la gouvernance, ni leurs conditions biseautées de vie n’ont changé depuis les coups d’Etat. Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur la légitimité et l’intérêt des transitions qui s’éternisent. Les Guinéens par exemple devront encore attendre pour connaître la date exacte de la fin de la transition. Les dernières déclarations élusives du Premier ministre Amadou Bah Oury ne laissent plus aucun doute sur sa prolongation au-delà de décembre 2024, date à laquelle est censé être organisé le retour à l’ordre constitutionnel conformément à l’accord entre la Cedeao et les militaires au pouvoir. Au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, auteur du second coup d’État et président de la transition s’était engagé à lutter contre le terrorisme et à respecter le calendrier convenu avec la Cedeao. Cependant, le Burkina Faso, ainsi que ses voisins, le Mali et le Niger, ont annoncé leur retrait immédiat de cette organisation et crée l'Alliance des États du Sahel (AES) en signant la Charte du Liptako-Gourma qui promet de redéfinir la lutte contre le terrorisme et de remodeler les équilibres régionaux. Cette décision, au-delà de la sécurité visant l'indépendance économique et l'intégrité des États, renforce néanmoins les doutes sur la capacité du Burkina Faso à respecter les échéances de la transition. Selon le Centre africain d’études stratégiques, la violence islamiste militante a tué presque trois fois plus que pendant les 18 mois précédant le coup d’État de janvier 2022, et la violence a augmenté de 46 %. Ce phénomène, couplé à la propagation d’activités extrémistes autour de Ouagadougou, place le pays au bord de l’effondrement. Le retrait de cette organisation sous régionale, a exacerbé de toutes évidences et c’est aussi le cas pour les autres Etats cosignataires que sont le Mali et le Niger, les principaux problèmes subaigus que rencontrent ces transitions en remettant en cause l’engagement des juntes à organiser des élections &agra...
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