« C’est un point de départ »

Joseph Vincent Ntuda Ebodé, professeur titulaire des universités hors échelle, directeur du Centre de recherche d’études politiques et stratégiques (Creps) de l’Université de Yaoundé II-Soa.

La République démocratique du Congo et le Rwanda ont signé un accord de cessez-le-feu sous l’égide de l’Angola pour un arrêt des combats à l’Est de la RDC. Doit-on voir en cet engagement un début de solution à la crise qui déchire le Nord-Kivu ? 
Oui et non. En fait et dans un premier temps, on peut pertinemment considérer qu'après deux ans et demi de combats et d'accords rompus, cet énième accord de pacification de l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), résultat de pourparlers de Luanda, sous l'égide du président angolais João Lourenço, représente un véritable espoir de paix. D'ailleurs, de nombreux partenaires, tels la France, la Belgique, l'Union européenne ou l'Organisation des Nations unies (ONU) ont salué cet accord, tout en exhortant toutes les parties au conflit à respecter leurs engagements. Ces réactions positives et optimistes de presque toute la communauté internationale est, sans aucun doute, la reconnaissance du caractère inlassable du travail de la présidence angolaise en tant que médiateur de l'Union africaine, ainsi que de l'engagement du Rwanda et de la RDC pour obtenir cet important résultat. Mais, au-delà de cette appréciation positive, il demeure que le véritable enjeu pouvant amener à relativiser les arguments du camp optimiste du processus de Luanda c'est de réussir à réunir autour d'une même table de discussion les deux chefs d'État. La partie congolaise ayant posé comme préalable le retrait des soldats rwandais de l'Est du pays et des sanctions économiques contre Kigali. En fait, même si cette fois, le médiateur a précisé que l'accord de cessez-le-feu sera supervisé par un mécanisme de vérification ad hoc, renforcé, dans le cadre du système de pacification déjà créé en réponse aux violences, il demeure que la principale pomme de discorde entre les deux pays est que le M23, une rébellion soutenue par le Rwanda, d'après l’ONU, continue ses activités à l’Est de la RDC. Sur la base de ce qui précède, on comprend fort aisément qu'il faille rester sur ses gardes. En réalité, même si l’accord en question peut être qualifié comme un bon début de retour à la confiance entre les deux Etats, la paix ne semble pas encore garantie.

Faisant fi de cet accord, le M23, la principale force de nuisance, continue allègrement ses activités. A cette allure, pensez-vous que cet accord a des chances de prospérer ? 
Comme je viens de l'indiquer, cet accord est juste un point de départ. Il peut se situer dans le sillage de ce que l'ancien chef de la diplomatie américaine Henri Kissinger qualifiait de diplomatie de petit pas. C'est un bon début qu'il faut élargir et approfondir en travaillant de telle sorte que les deux pays, représentés au plus haut niveau s'asseyent autour d'une table, renoncent à la guerre et entament de véritables négociations de paix, à l’initiative de l’Union africaine ; mais sous les auspices directs des Nations unies. La frontière entre les deux pay...

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