Extrême-Nord : céréales, urgence signalée

Une certaine confusion autour de la disponibilité des céréales dans la ville de Maroua inquiète les consommateurs. « Les prix grimpent au jour le jour. Nous espérions une baisse des prix après les récoltes, mais c’est le contraire. Le sac de mil que j’ai acheté en octobre 2023 à 30.000 F me revient aujourd’hui à au moins 35 000 voire 45 000 F. C’est inquiétant et il faut que des mesures soient prises», relève Hammadou, consommateur à Maroua. Une situation qui fait craindre le spectre de la famine. En effet, depuis plusieurs semaines, les habitants de cette région semi-aride, déjà éprouvée par des crises sécuritaires et climatiques, observent avec angoisse la montée des prix des céréales. Alors même que les chiffres officiels affichent un excédent de production céréalière. Selon Sadou Simplice, délégué régional du ministère de l'Agriculture et du Développement rural de l'Extrême-Nord, le besoin céréalier annuel de la région s'élève à 950 000 tonnes. La dernière campagne agricole a pourtant produit 1 250 000 tonnes, soit un excédent de 90 000 tonnes après l'extraction des pertes et des exportations non officielles. Cependant, malgré cette surabondance apparente, les habitants peinent à accéder à ces céréales sur les marchés locaux.
Ces crises conjuguées sont un terreau fertile pour les spéculateurs. Certains commerçants véreux s'adonnent à des pratiques de rétention des stocks, créant une pénurie artificielle pour faire grimper les prix. La hausse des prix a d’ailleurs été exacerbée par la découverte récente d'une tentative d'exportation illégale vers un pays voisin. En effet, 500 sacs de 100 kilogrammes de céréales ont récemment été saisis à Kousseri. Cette cargaison, détournée du marché local qui n’est qu’un exemple parmi tant d&rsq...