Assemblée générale de l’ONU : ces réformes qui piétinent

De l’avis de nombreux observateurs, au-delà des effets d’annonce à New York, la réforme du Conseil de sécurité et de l’architecture financière internationale, entre autres, va se heurter à de vives résistances.

Pendant le Débat général de la 79e session de l’Assemblée générale de l’Onu, on a entendu, une fois de plus, les chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que les représentants des Etats membres faire chorus sur l’urgence de la réforme des institutions-clés telles que le Conseil de sécurité, la revitalisation de l’Assemblée générale pour lui donner plus d’autorité, le renforcement du Conseil économique et social, la réforme de l’architecture financière mondiale, notamment les institutions de Bretton Woods que sont le Fonds monétaire international  et la Banque mondiale. Du déjà entendu à New York, pourrait-on relever. Mais, pourquoi tant d’effets d’annonce sans actes concrets matérialisant ces réformes tant réclamées depuis plusieurs décennies? Revue des enjeux et des raisons du blocage. Les pays en développement ruent dans les brancards mais sont impuissants.


Réforme du Conseil de sécurité : le serpent de mer
Depuis combien de décennies entend-on réclamer la réforme du Conseil de sécurité, organe exécutif de l’Onu chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationale ? Certains vous répondront depuis une vingtaine d’années et d’autres remonteront encore un peu plus loin dans le temps. Et tout état de cause, alors que le processus de négociations intergouvernementales relatif à cette réforme se poursuit depuis plus de 15 ans, plusieurs délégations se demandent  à l’Assemblée générale, combien d’années il faudrait encore attendre pour résorber les divergences profondes entre États membres. Le Conseil de sécurité est composé de 15 membres, dont cinq membres permanents, historiquement les principaux vainqueurs de la deuxième Guerre mondiale qui détiennent le droit de véto : Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie ; et 10 membres non permanents. 
Malgré la non-représentativité du Conseil qui relève d’une époque révolue et exclut les voix de régions entières des délibérations qui impactent pourtant leur avenir, le chemin vers sa réforme pour l’adapter à notre temps est parsemé d’embûches. Et au final, le processus s’enlise, si bien qu’aujourd’hui, la seule chose sur laquelle on est tous d’accord est qu’il faut revoir la composition et le mode d’action de cette instance stratégique. Au regard des divergences profondes, c’est une entente de façade qui est affichée car à y regarder de près, les grandes puissances n’offrent aucune possibilité de compromis et s’accrochent mordicus à leurs privilèges. On n’est pas d’accord sur le nombre supplémentaire de pays à intégrer dans le « Saint des saints ». 20, 22 ou 25 ?  En plus, qui doit-on ajouter ? Comment ce nombre va-t-il être réparti entre tous les continents ? Les nouveaux entrants seront-ils détenteurs ou non du droit de véto ? Faut-il mettre un terme au droit de véto ? Quelle devrait être la méthode de travail ? Que doit contenir le règlement intérieur étant donné que depuis 1945, le Conseil fonctionne sur la base d’un règlement intérieur provisoire ? Voilà autant de questions en suspens qui font de cette réforme une pierre de Sisyphe. 
En attendant, l’Afrique demeure le seul continent non doté d’un siège permanent au Conseil de sécurité. Une injustice historique inacceptable, qui doit être corrigée, selon le chef de l’Etat, Paul Biya. La position commune de l’Afrique, découlant du consensus d’Ezulwini et de la Déclaration de Syrte, demande deux sièges permanents et cinq sièges non permanents pour ce continent qui n’a pourtant aucun moyen de forcer la main aux grandes puissances. « Cette réforme est un serpent de mer, à moins qu’une crise du genre de la deuxième Guerre mondiale se produise à nouveau, entraînant la fin des institutions tant décriées et la mise en place de nouvelles autres sur la base des cartes qui vont être rebattues en tenant compte du nouveau rapporte de force qui va se créer», analyse un diplomate, dubitatif. 


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