« Les Sud-soudanais sont soucieux de participer au processus »

Dr. Simon Pierre Omgba Mbida, ministre plénipotentiaire et internationaliste.

Le Soudan du Sud s’apprête à mettre sur pied une justice transitionnelle prévue par l’accord de paix ayant mis un terme à la guerre qui a ensanglanté le pays entre 2013 et 2018. Que pourra l’institution annoncée face à la gravité de la situation sur le terrain ? 
En 2013, une querelle politique entre le président Salva Kiir et le premier vice-président Riek Machar a entraîné un nouveau conflit. Le Soudan du Sud était véritablement au bord de l'effondrement en 2013 à peine l’indépendance obtenu deux ans plus tôt, le 09 juillet 2011. Les conflits armés internes, les graves violations des droits de l'Homme et les fractures gouvernementales ont causé la mort et le déplacement de plusieurs milliers de personnes à l'intérieur du pays. L'accord de paix de 2015 a créé une série de mécanismes de justice transitionnelle, mais aucun n'a été mis en œuvre. Le chapitre V de l’Accord de 2015 sur la résolution du conflit au Soudan du Sud (ARCSS) prévoit, entre autres, la création des instances suivantes?: la Commission pour la vérité, la réconciliation et la guérison pour traiter les séquelles des conflits et promouvoir la paix, la réconciliation nationale et la guérison ; l’Autorité de compensation et de réparation pour fournir un soutien matériel et financier aux citoyens touchés par les conflits et les aider à rebâtir leurs moyens de subsistance; la Cour hybride indépendante pour le Soudan du Sud, chargée de juger les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis depuis l’indépendance. 
Au début du mois de septembre dernier, le Parlement a finalement adopté des projets de loi qui prévoient ces institutions permettant d’étudier les crimes et abus des droits de l’homme qui ont été perpétrés durant la guerre civile de 2013 à 2018. La Commission pour la vérité et réconciliation et l’autorité des indemnisations devaient être mises en place en 2020 après l’instauration d’un gouvernement de transition. Une cour de justice hybride en partenariat avec l’Union africaine (UA) doit également être créée. Cependant, en l’absence de celle-ci, les deux premières n’auront aucun impact, si les crimes ne sont pas jugés. 


Que peut-on espérer d'un tel mécanisme dès lors qu'il y a comme un manque de volonté politique de la part des chefs sud-soudanais ?
Il est difficile de prévoir l’efficacité de cette institution tant que les acteurs principaux qui tiennent le pouvoir seront à la fois juge et partie. Ce d’autant plus qu’une commission Justice et Vérité était déjà envisagée avant le début de la guerre et la personne en charge de ce projet était ironiquement l'ancien vice-président devenu chef des rebelles, Riek Machar.


Peut-on s’attendre à une véritable justice, au pardon et à une réconciliation dans ce pays sans jugement des principaux leaders et donneurs d’ordre ? 
Les citoyens du Soudan du Sud sont désireux de participer aux processus de justice transitionnelle. La société civile sud soudanaise et le groupe régional, l’Autorité intergouvernementale pour le Développement (IGAD), veulent également une véritable justice et ont proposé à ce titre plusieurs moyens de justice transitionnelle pour tenir comptables les leaders politiques et les hommes en armes responsables des crimes commis ainsi que de la corruption massive. Evidemment, cela a suscité des problèmes importants qui ont entrav...

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