Incendie au Marché central de Yaoundé : les récupérateurs investissent les décombres

Embouteillages et carambolages. Impossible d’emprunter la route allant de la Poste centrale pour le lieu-dit « Pharmacie du Soleil ». Le charbon le long du corps, des jeunes gens ont pris d’assaut l’immeuble Niki ravagé par les flammes la veille. Il est 9h ce 28 octobre à Yaoundé. Alors que la fumée tutoie encore le ciel, ils sont une centaine à arpenter cet espace marchand, marteaux, cisailles, tournevis et sacs à la main. Sur la toiture ou encore les pieds dans les cendres, ils arrachent les fers, les tôles, les fenêtres, portes et meubles en acier. 
Tandis que certains s’activent à retirer tout ce qui tient lieu de ferraille sur le site, d’aucuns se chargent de transporter les débris dans des sacs de 100 kg. Beaucoup n’hésitent pas à balancer rond à béton, armatures et barres de fer du sommet de l’immeuble, suscitant la fuite des piétons et des commerçants installés près de ce bâtiment. Les amas de fer collectés sont transportés à l’arrière des taxis ou sur des brouettes pour des destinations inconnues. En larmes, les gérants des caves et débits de boissons incendiés assistent impuissants à ce pillage. « Depuis hier, je suis traumatisée. Je suis sortie à 5h de la maison dans l’espoir de venir récupérer quelques objets, en vain. Les Nanga Boko ramassent tout sur leur passage. Et lorsqu’on les voit avec des yeux aussi rouges, on a peur de faire opposition. Je souffre dans ma chair. J’ai l’impression que mon cœur va s’arrêter d’un moment à l’autre », confie la propriétaire d’une cave.  
L’un des gérants ne s’est pas laissé intimider. Les membres de sa famille et lui ont dû assurer la surveillance devant son échoppe. La mine serrée, le commerçant et ses proches ont attendu l’arrivée de deux fourgon...