« La participation et le degré de transparence seront scrutés »

Dr. Serge Christian Alima Zoa, internationaliste, Centre de recherche et d’études politiques et stratégiques (CREPS) de l’université de Yaoundé II-Soa, Université catholique d’Afrique centrale.

Un référendum constitutionnel se tient ce 16 novembre au Gabon. Selon vous, le projet de texte proposé par les autorités de transition répond-il aux aspirations des Gabonais ? 
Dans son message à ses compatriotes, le général Brice Clotaire Oligui Nguema a invité les citoyens gabonais à « examiner avec soin » le texte et à « en comprendre pleinement les enjeux » qui selon lui, promet en humus nécessaire de légitimation de renforcer les libertés, la justice sociale et la transparence. Une campagne de sensibilisation a été organisée pour informer les citoyens sur l'importance du référendum et des réformes proposées dans la nouvelle architecture institutionnelle. Pour crédibiliser ce processus à marche forcée, le pouvoir de transition joue la carte de la transparence en ouvrant les portes aux observateurs internationaux. Un revirement spectaculaire par rapport au dernier scrutin d'août 2023, où le régime Bongo avait sidéralement verrouillé tout regard extérieur. Pour le Premier ministre, Raymond Ndong Sima, en charge de la coordination nationale du référendum constitutionnel 2024, il n’est pas possible de rester indéfiniment dans une chambre de transition et la nouvelle loi fondamentale apporte sans acrimonie « un cadre de vivre-ensemble ». Dans le même sens, plusieurs appels à voter « oui » à l’instar de Florentin Moussavou, le troisième vice-président de l’Assemblée nationale, se multiplient « pour permettre au Gabon de réaliser un saut qualitatif vers l’avenir ». En revanche, le président de l’Alliance démocratique et solidaire (ADS), Istovant Nkoghe, attire l’attention sur de nombreuses erreurs matérielles dans le projet de Constitution, qu’il juge suffisamment graves pour mettre en péril la « sécurité juridique des institutions » et l’équilibre des pouvoirs. L’avocat relève des incohérences dans les renvois d’articles clés, notamment sur les pouvoirs présidentiels en cas d’empêchement temporaire ou définitif. Estimant que ces erreurs pourraient affaiblir la stabilité et la viabilité de la future Loi fondamentale, il demande un report de ce premier rendez-vous électoral pour les militaires au pouvoir afin de corriger ces irrégularités. Au demeurant, selon certains observateurs, bien que le texte proposé se veut révolutionnaire, il continue de diviser les Gabonais et la précipitation d'adoption suscite tel un bourdon des interrogations sur les véritables motivations de ses concepteurs. 


Que pensez-vous de ceux qui estiment que ce texte est discriminatoire et un recul de la démocratie ?  
D’emblée, il est à souligner que le texte amené à remplacer la Loi fondamentale de 1991, propose un mandat présidentiel de sept ans, renouvelable une seule fois, et instaure un régime présidentiel fort, sans la présence d’un Premier ministre. Un deuxième article consacre la prise de pouvoir par la junte le 30 août 2023 et instaure une « Fête de la libération » pour commémorer la chute de la dynastie Bongo, qui a régné sur le Gabon pendant 55 ans. Certaines dispositions de la nouvelle Constitution, qualifiées « d’intangibles » ne pourront être modifiées, quelle que soit la révision future du texte. Parmi elles : la limitation à deux mandats successifs pour le président de la République, l’élection au suffrage universel direct et le mariage exclusivement réservé aux couples de sexes opposés. Désormais tout candidat à la présidentielle doit être exclusivement Gabonais, né d’au moins un parent gabonais de naissance et marié à une personne gabonaise. Cette clause renforce, selon certains, la distinction entre les « Gabonais de souche et les autres », excluant les naturalisés et ceux avec une double nationalité. Une interdiction supplémentaire a été ajoutée à l'article 43 : « Le conjoint et les descendants d'un président de la République ne peuvent se porter candidats à sa succession.». Pour certains analystes, le projet de Constitution accorde au président une glaciation du pouvoir, notamment en remplaçant le Premier ministre par un vice-président, désigné et révoqué à la discrétion du chef de l’Etat, réduisant ainsi le potentiel de contrôle parlementaire. Des propositions qui ne font guère l'unanimité et accueillies de manière mitigée par les Gabonais. Roger Ondo Abessolo, président par intérim de la coalition syndicale Dynamique unitaire (DU), déclare percevoir un manque de séparation des pouvoirs ...

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