Corruption : Aux grands maux…

43 dénonciations reçues et traitées, six personnes interpellées et mises à la disposition de la police judiciaire et plusieurs autres sous le coup de sanctions administratives et judiciaires. On ne peut pas dire que la moisson de la cinquième opération baptisée « Clinique anti-corruption », organisée du 18 au 22 novembre 2024 dans la région du Nord par la Commission nationale anti-corruption (Conac) a été maigre.  Parmi les personnes prises en flagrant délit d’actes de corruption à la suite des enquêtes menées par les équipes de la Conac déployées aux quatre coins de la région, figurent trois responsables éducatifs : un proviseur de lycée, un intendant et un inspecteur d’arrondissement de l’éducation de base. Il leur est reproché, des pratiques de corruption, détournement de frais de fonctionnement et du paquet minimum, le monnayage des services aux usagers, des fautes de gestion et le détournement de fonds publics. Outre ces arrestations, la Conac dit avoir transmis des rapports d’enquête aux autorités compétentes, avec des recommandations de sanctions administratives et judiciaires. Pour cette cinquième délocalisation partielle et temporaire de ses services en région, le Révérend Dr Dieudonné Massi Gams, le président de la Conac et ses équipes ont donc voulu signifier à tous ceux qui ont développé un goût immodéré pour le renforcement et l’abus de biens sociaux que la lutte contre ces fléaux ne connaît pas de répit et que toutes les personnes soupçonnées d’actes de corruption et de détournement de deniers publics seront traquées quels que soient leurs profils, statuts et lieux de travail ou de résidence. Mais au sein de l’opinion publique nationale, cette opération de la Conac a été diversement appréciée. Certains observateurs saluent ces « initiatives salvatrices » et encouragent la Commission à les intensifier afin de traquer tous les corrupteurs, les corrompus et tous les prévaricateurs de la fortune publique. D’autres pensent que la Conac ne fait arrêter que des « lampistes » ou du menu fretin en laissant courir « les gros poissons ». Ils s’appuient sur de nombreux scandales financiers attestés par les différents rapports de la Chambre des comptes et même ceux de la Conac elle-même.
On ne peut pas nier que la Conac et d’autres institutions de contrôle (Chambre de compte, Anif, Consupe) mènent parfois sans tambour, ni trompette, d’importantes investigations qui permettent de mettre fin à des comportements contraires à l’éthique ou à la saignée des ressources publiques. L’extorsion de l’argent aux étudiants sous le fallacieux prétexte de préfinancer leurs thèses de doctorat, l’allocation sans base juridique d’indemnités à certains recteurs des universités d’Etat, les recrutements irréguliers dans certains établissements et entreprises publics, les ventes de places dans certains concours, le monnayage des inscriptions dans les lycées et l’augmentation illégale des frais d’examens et le détournement des frais exigibles et d’Apee …ont été stoppés grâce à l’intervention de la Conac. Sur le plan légal, le champ d’intervention de la Commission est pour le moment bien délimité. Les investigations de la Conac donnent lieu à la rédaction d’un rapport adressé au président de la République, mais en cas de flagrance, à la suite d’une dénonciation, la Commission fait appel aux services compétents de l’Etat pour enclencher les procédures administratives et judiciaires (article 22, décret du 11 mars 2006 portant création, organisation et fonctionnement de la Conac). C’est le sens à donner aux récentes interpellations dans la région du Nord et à celles intervenues en 2023 dans les régions de l’Ouest et de l’Est lors des opérations similaires. Mais tout cela fonctionne avec la contribution des citoyens qui doivent dénoncer les faits, les actes et les pratiques de corruption dont ils ont connaissance car, quels que soient les qualités et le volontarisme dont elle fait preuve, la Conac ne peut porter, à elle seule, tout le combat contre ce fléau social. Fort heureusement, selon le rapport 2023 de la Conac, la masse critique des dénonciateurs augmente progressivement. Elle est passée de 7 061 en 2022 à 7 548 dénonciateurs en 2023, soit une augmentation de 487. Cet engouement des citoyens à s’indigner contre la corruption est facilité par la diversification par la Conac des moyens de dénonciation. L’organisme donne la possibilité de dénoncer à travers le courrier administratif, le courrier électronique, le numéro vert et le compte...

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