RDPC : une redoutable machine électorale

En quarante ans, le parti a su conquérir toutes les positions de pouvoir sans pitié pour ses adversaires.

Le RDPC, 40 ans d’existence, joue-t-il sa survie politique ? Difficile de répondre par l’affirmative. Le parti présidentiel, acculé de toute part ces dernières années, plie certes, mais il est encore loin de rompre. Si on écarte les élections de 1992, où le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) l’a remporté d’une courte tête, mordant presque la poussière aux législatives et aux municipales, le parti politique est, depuis ce dur apprentissage, devenu une redoutable machine électorale. Souvent, dans sa quête d’hégémonie, il va même bousculer ses alliés dans leurs fiefs. Les adversaires du parti qualifient les victoires du RDPC d’obèses. Le parti au pouvoir ou proche du pouvoir pour ne pas dire le parti majoritaire, contrôle, en ce moment les deux chambres du parlement (Assemblée nationale et Sénat), neuf conseils régionaux sur dix (l’UNDP ayant gagné l’Adamaoua), l’essentiel des communes du pays et dans ce sillage, toutes les communautés urbaines (14).
En cette mythique année électorale, toute la classe politique épie les moindres faits et gestes du RDPC. En fait, l’opinion publique, tant nationale qu’internationale, est accrochée à la candidature du président Paul Biya. Pour les adversaires du RDPC, la décision du président de la République de se porter candidat ou non peut ouvrir la voie à un rêve de victoire, ou à l’alternance tant recherchée. Au RDPC, on ne s’emballe pas. On fourbit ses armes pour la prochaine échéance électorale avec deux arrêts majeurs ; octobre pour l’élection présidentielle et décembre pour les régionales. Pour ce qui est du porte-étendard, le candidat du parti à la prochaine élection présidentielle est bel et bien Paul Biya, président national, et donc candidat naturel selon les textes du parti. Pour tenter d’affaiblir le camp présidentiel, les adversaires politiques pointent régulièrement du doigt les textes obsolètes, le congrès du parti qui ne se tient plus, la quasi disparition du bureau politique, avec les décès d’une bonne partie de ses ténors. Le secrétaire national à la communication, Jacques Fame Ndongo, botte en touche. Toutes les sections du parti ont déjà porté leur choix sur la candidature de Paul Biya pour l’élection présidentielle de 2025, martèle-t-il. 
A la faveur de la célébration de l’an 40 du parti, c’est son scribe, Jean Nkuete, qui sort de sa légendaire réserve en demandant à tous les militants un engouement sans faille. « Tenons-nous prêts, derrière le président Paul Biya, à relever le défi de la victoire nette, transparente et sans bavure du candidat du RDPC à l’élection présidentielle », écrit le secrétaire général du Comité central. Pour qui pourrait se risquer à décrypter le paysage politique camerounais, ces propos cachent à mots à peine voilés la détermination des cadres du RDPC à défendre leur bilan, à conquérir les électeurs et à défendre leur vote aujourd’hui et demain. Très peu de personnes le savent : le RDPC sait aussi préparer le contentieux pré ou post électoral avec parfois des arrêts en sa défaveur. Un tel appareil ne peut pas être réduit à une simple machine électorale. 
Si, par stratégie interne, ses élus sont discrets, il est aussi vrai que le RDPC exerce le pouvoir. C’est par conséquent une redoutable machine qui recrute à toutes les strates de la société. Au-delà de joutes internes, le parti, sous l’impulsion de son président national, revendique sa qualité de parti de masse. Paul Biya, à travers maints congrès, n’a eu de cesse de rappeler à ses camarades que le RDPC n’est pas un parti d’état-major. Cette ouverture du sommet trouve-t-elle encore oreille attentive auprès d’une base de plus en plus en ébullition ? les prochaines échéances ne tarderont pas à nous le dire. Il est cependant indéniable que le RDPC, de par son implantation aux quatre coins du Cameroun et à l’étranger, a toujours une avance sur ses concurrents. Dans certaines régions, sinon dans l’immense majorité, on se bat davantage pour être investi par le RDPC. Une fois cette étape franchie, le parti fait le reste pour « tuer » la concurrence. Meetings de proximité, affichages, passages dans les médias pour vendre son programme portent les uns et les autres aux fonctions électives. Bref la machine tourne à plein régime et malgré les incompréhensions de façade, elle n’est pas prête de lâcher prise.
 

Les victoires du RDPC en chiffres (1992-2023)

 

 

Elections

Années

Résultats

Vainqueurs

 

 

Présidentielle

1992

39,98%

Paul Biya

1997

92,57%

Paul Biya

2004

70,92%

Paul Biya

2011

77,99%

Paul Biya

2018

71,28%

Paul Biya

 

 

Législatives

1992

88 députés

RDPC

1997

116 députés

RDPC

2002

149 députés

RDPC

2007

153 députés

RDPC

2013

148 députés

RDPC

2020

152 députés

RDPC

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