De la fragilité à la suprématie : l’incroyable résilience
- Par Gregoire DJARMAILA
- 24 mars 2025 11:44
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Le Rdpc qui a failli sombrer sous la pression des premières élections multipartites a pu, au fil des ans, se réinventer pour asseoir son hégémonie.
L’avènement du multipartisme en 1991 a constitué une véritable zone de turbulences pour le Rdpc. Habitué jusqu’ici à une position « unijambiste » de pouvoir, le parti s’est retrouvé confronté à une rude concurrence politique, un concept qui lui était totalement étranger. Les premières marches organisées en avril 1990 pour protester contre ce « multipartisme précipité » témoignent de la résistance farouche de ses militants au changement. Cependant, Paul Biya, très au fait de l’évolution du monde à cette époque, a son agenda. Nous sommes bien à la fin des années 1980 avec l’émergence de nouvelles dynamiques mondiales : la chute du Mur de Berlin, la fin de la guerre froide, et la pression croissante de la communauté internationale en faveur des droits de l'homme et de la démocratisation. Cette évolution mondiale conduit la France à réévaluer ses relations avec les régimes africains. Le discours de la Baule, prononcé en juin 1990, marque cette nouvelle orientation. Au plan interne, Ni John Fru Ndi, dans une posture assumée de défiance au régime en place, lance son mouvement politique, le Social Democratic Front (Sdf). La marche organisée le 26 mai 1990 à Bamenda se déroule dans des circonstances troubles. C’est dans ce contexte de bouillonnement politique que se tient le premier congrès du Rdpc. Dans son discours de politique générale, le président national du Rdpc prend le contre-pied de ses camarades : « Préparez-vous à une éventuelle concurrence ». Un discours qui va marquer un tournant décisif, et bien que les conservateurs du parti rechignent à accepter cette nouvelle réalité, Paul Biya sait que l’ouverture politique est irréversible. Il déroule son agenda. À la session parlementaire de novembre 1990, le président de la République soumet d’importants projets de loi aux élus du peuple. Ces textes promulgués le 19 décembre 1990 portent sur la liberté d’association, les régimes des réunions et des manifestations publiques. Les premiers partis politiques sont légalisés en février 1991. Naturellement, leur objectif principal est de prendre le pouvoir, en combattant le parti unique d’hier.
L’épreuve ultime du Rdpc survient lors des premières élections législatives multipartites du 3 mars 1992. Le parti au pouvoir, qui avait jusque-là dominé sans partage, ne parvient à obtenir que 88 sièges sur les 180 de l'Assemblée nationale. Un coup de tonnerre. Le Rdpc se retrouve déséquilibré face à une opposition de plus en plus structurée. Mais c’est là que le génie stratégique de son président national entre en jeu. Face à cette situation inconfortable, le parti fait preuve de pragmatisme en s’alliant avec le Mouvement démocratique pour la Défense de la République (Mdr). Avec ses six sièges, le parti de Dakolé Daissala permet au Rdpc de conserver la majorité parlementaire. Une première victoire en demi-teinte, mais un premier test de la flexibilité du parti au pouvoir face aux défis du multipartisme.
La vraie confrontation surviendra lors de la présidentielle d’octobre 1992. Le Rdpc affronte cette fois-ci un adversaire redoutable : le candidat du Sdf. Le climat électoral est précédé par des revendications liées à la tenue de la « conférence nationale souv...
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