« Ces élections montrent que le contrôle des communes est stratégique »
- Par Yvan BOUNOUNG
- 05 Dec 2025 12:33
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Dr Jean-Pierre Loïc Nkulu Atangana, Enseignant de science politique, Université de Bertoua
Quelles leçons tirez-vous de l'élection des conseillers régionaux dont les résultats ont été proclamés mardi et mercredi derniers ?
Un scrutin indirect limite la compétition populaire. L’élection se fait sur la base d’un collège électoral restreint (conseillers municipaux + chefs traditionnels). Cela montre que la démocratie locale reste très encadrée puisque ce n’est pas un vote populaire direct. Ce qui interroge la légitimité démocratique et la représentativité des conseils régionaux vis-à-vis de l’ensemble de la population. La prégnance du contrôle partisan au niveau communal/municipal pèse lourd. Le parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), contrôlant l’essentiel des communes, s’assurait d’avance un avantage pour la désignation des conseillers régionaux. Cela montre que la conquête ou le contrôle des communes est stratégique et que la décentralisation au niveau régional dépend beaucoup de la domination au niveau local.
Il se dégage une victoire nette du RDPC sur les autres partis politiques à cette élection, la deuxième du genre. Quelle analyse en faites-vous ?
Le RDPC semble avoir réalisé ce qu’il visait : contrôler les 10 Conseils régionaux. Plusieurs départements n’avaient même pas d’adversaire sérieux, ce qui fait de cette victoire plus qu’un simple succès électoral un quasi-verrouillage, un gage de continuité institutionnelle et politique. Pour le pouvoir, ces résultats légitiment du moins institutionnellement la continuité de son contrôle sur les affaires locales, ce qui peut garantir stabilité et cohérence dans la mise en œuvre des politiques du centre vers les collectivités. Cela peut faciliter la planification, l’exécution des projets de développement, ou des programmes de décentralisation. C’est aussi un message de dissuasion pour l’opposition. Cette victoire nette envoie un signal fort : sans contrôle des communes, sans listes crédibles ou sans alliances fortes, il est très difficile de peser au niveau régional, ce qui peut décourager les concurrents politiques. Quand une même formation politique s’approprie tant les niveaux municipaux que régionaux, le risque est grand que les collectivités décentralisées deviennent de simples relais du pouvoir central, plutôt que des espaces d’émancipation locale. Cela peut réduire le pluralisme politique, la diversité des représentations et la démocratie locale effective.
Comment analysez-vous le recul de l'opposition, notamment de l’UNDP ?
Le scrutin régional étant indirect et dépendant des conseillers municipaux, l’opposition paye cher si elle ne détient pas ou perd des communes. Le RDPC, dominant en nombre de communes, avait donc déjà une base électorale favorable bien avant le vote régional. De plus, dans plusieurs circonscriptions, le RDPC s’est retrouvé seul en lice, ce qui rendait l’élection formelle. Cela réduit mécaniquement les chances de l’opposition. Possiblement un manque de stratégie, de mobilisation ou de ressources. L’opposition semble encore moins structurée ou préparée pour un scrutin indirect complexe : recrutement des grands électeurs, campagne de proximité, alliances, etc. En face, le RDPC a mobilisé ses structures de base dès le départ
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Au regard de ces résultats, comment entrevoyez-vous l'avenir du développement local que sont censées porter ces collectivités territoriales décentralisées ?
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