« La création est l’un des premiers domaines à faire face à l’IA »
- Par Alexandra TCHUILEU N
- 30 Dec 2025 10:50
- 0 Likes
Blaise Etoa, Président du Groupement des acteurs des industries culturelles et créatives du Cameroun (Acticcc).
En 2025, l’inscription de plusieurs biens camerounais au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco constitue un événement marquant. Comment capitaliser ce nouveau statut ?
Après l’inscription l’année dernière de deux éléments sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, le Nguon et le Ngondo, ainsi que l’inscription du tout premier bien culturel, le paysage Diy Gid Biy des Monts Mandara, le Cameroun vient d’être honoré par la reconnaissance de l’Unesco qui a consacré le Mvet Oyeng des peuples Ekang et le Guruna de la communauté Massa. L’inscription d’un élément au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco apporte plusieurs avantages importants, à la fois pour les communautés porteuses, le pays, et la préservation de la culture en général. Ces désignations, qui se font au terme de processus longs et documentés, renforcent la protection et la sauvegarde des éléments patrimoniaux retenus. L’inscription permet de reconnaître officiellement la valeur culturelle d’une tradition, d’un savoir-faire ou d’une pratique. Cette reconnaissance officielle internationale donne de la légitimité à notre pays, car avoir des éléments inscrits renforce son image culturelle au niveau mondial.
L’année 2026 marque l’entrée effective dans le nouveau septennat du président de la République. A quoi faudra-t-il s’attendre dans le secteur de la culture ?
Les acteurs culturels du Cameroun ont proposé aux pouvoirs publics un Pacte culturel pour le Cameroun, qui est un plaidoyer et une série de propositions concrètes pour faire de la culture un levier de développement, mieux le socle de notre émergence projetée par le chef de l’Etat à l’horizon 2035. Parmi les 10 initiatives, nous avons : la reconnaissance constitutionnelle et une meilleure institutionnalisation de la culture afin de rehausser son statut comme droit fondamental de chaque citoyen et bien commun national ; le développement d’une économie créative compétitive afin d’intégrer les ICC dans les politiques de croissance, d’emploi et d’industrialisation ; la décentralisation et la territorialisation réelle de l’action culturelle ; ainsi que la réforme du système de financement et celle de la fiscalité y relative afin de développer enfin le mécénat culturel.
La condition de l’artiste n’est toujours pas reluisante. Selon vous, qu’est-ce qui peut être fait pour changer la donne ?
Il faut un statut aux professionnels de la culture : créateurs, exécutants et opérateurs culturels. La situation actuelle où règne la loi de la jungle ne peut pas permettre aux acteurs culturels de s’épanouir. Il faudrait précisément agir à garantir la dignité, ainsi que la sécurité juridique et économique des créateurs. La mise en place d’un statut du professionnel des arts, de la culture et de la création suppose d’élaborer pour ces travailleurs un dispositif avec sécurité sociale et des régimes spécifiques de retraite et protection juridique. Puis, il faudrait créer des conventions collectives sectorielles, permettant d’encadrer les rapports professionnels. Ensuite il faut régler la question du droit d’auteur en réformant l’organisation actuelle quasi-chaotique. Si tous les préalables sont respectés, le droit d’auteur pourrait générer plusieurs milliards de FCFA chaque année au Cameroun, offrant ainsi aux créateurs un revenu décent et durable. Le droit d’auteur n’est pas une charge pour l’économie, c’est un moteur : il stimule la création, attire les investissements dans les industries culturelles et créatives, et renforce l’identité culturelle nationale. Le droit d’auteur peut structurer les filières culturelles, générer de la valeur, créer des emplois et renforcer notre souveraineté culturelle. C’est un enjeu stratégique pour l’avenir...
Cet article complet est réservé aux abonnés
Déjà abonné ? Identifiez-vous >
Accédez en illimité à Cameroon Tribune Digital à partir de 26250 FCFA
Je M'abonne1 minute suffit pour vous abonner à Cameroon Tribune Digital !
- Votre numéro spécial cameroon-tribune en version numérique
- Des encarts
- Des appels d'offres exclusives
- D'avant-première (accès 24h avant la publication)
- Des éditions consultables sur tous supports (smartphone, tablettes, PC)



Commentaires