Situation dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest: il faut que les blocages cessent !

Le message des évêques du Cameroun délivré à l’issue des travaux de leur 42e Assemblée plénière tenue à Yaoundé.

« Au Peuple de Dieu qui est Cameroun,
À toutes les personnes de bonne volonté

« Je vous exhorte donc, moi le prisonnier du Seigneur, à marcher d'une manière digne de l'appel qui vous a été adressé, vous efforçant de conserver l'unité de l'esprit par le bien de la paix. Il y a un seul corps et un seul Esprit,  ...  Un seul Dieu le Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous et en tous » (Eph 4, 1 - 6)
1/ Depuis les indépendances, les Camerounais ont reçu le défi de bâtir avec intelligence et sagesse une Nation assumant à la fois leurs héritages aussi bien coloniaux que traditionnels. Cette construction de la Nation n'est pas finie. Elle a connu des soubresauts de toutes natures.
2/ Depuis octobre 2016, les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest vivent une situation délicate qui a commencé par la grève initiée par les Avocats suivis en novembre par divers syndicats des enseignants avec des conséquences néfastes ayant conduit à l'arrêt des cours, des violences diverses, des arrestations, des villes mortes, des atteintes aussi bien sur les biens que sur des personnes. Bref une crise sociale dont l'impact est très négatif sur les plans économique, éducatif et du vivre ensemble.
Lors de la tenue du Conseil Permanent du 06 décembre 2016, et du 40ème Séminaire des Evêques à Mamfe, nous avions déjà appelé les différents protagonistes à un dialogue franc et sincère.
Les Evêques de la Province Ecclésiastique de Bamenda ont également pris position à ce propos, invitant toutes les parties au dialogue.
3/Réunis pour notre 42e Assemblée plénière à Yaoundé, du 23 au 29 avril 2017, Nous, Evêques du Cameroun, avons une fois de plus examiné la situation de crise sociale qui prévaut dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Cette situation devient de plus en plus préoccupante et préjudiciable à toute la Nation.
4/ L'Eglise, famille de Dieu au Cameroun, chemine solidairement avec le destin de nos frères et sœurs, nos enfants, tous nos concitoyens qui connaissent des situations difficiles.  
«Jésus-Christ est notre Réconciliation, notre Justice et notre Paix». Nous, Evêques du Cameroun, avons mission de veiller à servir organiquement la réconciliation, la justice et la paix en chaque personne, en toute notre Nation, en toutes ses Régions. C'est le témoignage de l'Eglise qui est ici engagé, par le courage de la foi, par la vivante espérance porteuse d'avenir et de paix, pour résister  à  toutes les menaces de dissolution et de désagrégation du vivre-ensemble de la Nation pour revenir  à  l'apaisement et  à  la communion par le dialogue et la concertation.
5/ Reconnaissant l'Etat de droit et gardant la fidèle mémoire de la manière dont cet Etat a toujours favorisé toute l'expression de la foi des croyants et leur contribution à l’édification de la Nation, Nous nous sommes engagés avec zèle depuis les évènements qui affligent les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, à promouvoir une recherche de solutions aux questions posées et au retour à un mieux vivre-ensemble.
Dans l'état actuel des choses, Nous, vos Evêques, estimons moralement nécessaire la poursuite de cet engagement. Nous exhortons les parties concernées à continuer le dialogue et à privilégier la recherche des solutions institutionnelles et humaines. Nous appelons tous nos compatriotes à s’unir pour poursuivre ensemble l'édification de notre Nation et pour construire son unité.
Pour l'heure, il convient de poursuivre la voie de la décentralisation totale de nos institutions «qui vise la promotion du développement, de la démocratie et de la bonne gouvernance au niveau local» (loi de 2004) ; et partant consolide l'unité dans la diversité, le vivre-ensemble avec nos héritages reçus, le dialogue pour l'intérêt commun et la démocratie.
6/ Pour cela, ce dialogue est important et nécessaire. Il est la valorisation du patrimoine des valeurs sociales et éthiques communes aux différentes traditions sociales et culturelles, afin de faire participer le citoyen à la consolidation du bien commun, de la justice et de la paix. Il ne s'arrête pas seulement à ce que nous avons en commun ; mais il tend vers le plus haut point de l'unité. Pour être efficace, ce dialogue doit être clair, animé d'un respect sincère pour les autres et d'un esprit de réconciliation, de fraternité et de compromis, Ce dialogue permet de surmonter efficacement les crises sociales et vise le vivre-ensemble, dans la solidarité et dans la paix.
7/ Un tel dialogue concerne l’Etat dans sa forme institutionnelle qui assure les trois pouvoirs : l'Exécutif, le Judiciaire, le Législatif. Il concerne aussi tous les Corps intermédiaires, Partis politiques, Syndicats, Communes et Société civile. Le but de ce dialogue, ainsi organisé, est de promouvoir la paix, la justice, la démocratie et le bien-être ; et de combattre les inimitiés, les rivalités, les conflits. Ainsi, à tous les niveaux, que tous engagent la réconciliation des droits et des devoirs, la réconciliation de la mémoire de la Nation et de la vision de son avenir. En tout, que l'Etat de droit soit privilégié comme étant la forme institutionnelle globale compétente pour la conception et l'organisation de la Nation.
8/  En ce qui concerne les problèmes relatifs à la situation actuelle des Régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, compte tenu de l'évolution de la nature des problèmes, au début de type syndical, et maintenant plus politique, administratif et constitutionnel, nous devons rechercher l'intérêt supérieur de la Nation. Il importe, pour le bien et la stabilité de notre pays, que soient respectées la subsidiarité et la solidarité institutionnelles qui affectent chaque problème posé à son organisme compétent, tout en prenant en compte les avis pertinents, formellement émis par les personnes privées et morales. Que chaque organisme d'Etat, des Corps intermédiaires et de la Société civile prenne ses responsabilités et agisse selon sa compétence légale. Qu'un traitement institutionnel soit donné à ces problèmes qui en réalité, affectent la Nation toute entière,
9/ Autant les problèmes sociaux sus-évoqués sont importants et urgents, autant la préservation des relations humaines et le vivre ensemble est nécessaire. Au nom de la citoyenneté, de la fraternité humaine et de l'humanité, la défense des intérêts légitimes doit aller de pair avec la concorde sociale qui est le but recherché. Les violences non seulement provoquent des dégâts, mais aussi radicalisent les parties et empêchent l'avènement d'un mieux-être ! La violence, d'où qu'elle vienne, ne construit pas ; elle détruit !
C'est pourquoi nous recommandons que les méfiances et les soupçons, la désobéissance civile, les arrestations arbitraires, les intimidations de toutes sortes, les pressions pour conquérir tel ou tel droit, les blocages, les menaces d'activités cessent.
Dans cette perspective, nous invitons tous les protagonistes de cette crise à une véritable réconciliation des cœurs.
10/ Au sujet des écoles, Nous, Evêques, réaffirmons que l'école fait partie intégrante de la mission de l'Eglise, Mère et Educatrice. Nous confirmons le droit inaliénable à l'éducation reconnu à toute personne humaine. Nous invitons, par conséquent, les parents à prendre leur responsabilité à envoyer les enfants à l’école pour leur donner la chance de réaliser leur projet de vie. Nous appelons l’Etat à garantir les ...

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