Catastrophe de Mbankolo : un an après…

Une zone verte, un lac vidé, des habitants soucieux constituent désormais le décor du site qui a fait près de 30 morts dans l’arrondissement de Yaoundé II. Personne n’a rien oublié du 8 octobre 2023.

26°C à l’ombre. Pas moins. Ce dimanche 6 octobre 2024 est particulièrement ensoleillé du côté de Nkol-Etam, un village de Mbankolo dans l’arrondissement de Yaoundé II. Des femmes et enfants vont et viennent auprès du ruisseau créé non loin d’un ravin. Des bidons d’eau y passent. Des seaux aussi. Catherine Zara est armée du nécessaire pour recueillir de l’eau. Elle remplit à toute vitesse un seau de 15l. « C’est pour aller laver les choses à la maison. Je ne bois pas de cette eau », dit-elle, jetant un regard à l’autre versant du ruisseau où elle se ravitaille. Là, se trouvent des restes de la maison qu’elle occupait il y a un an. Les eaux en furie ont tout emporté ici dans la nuit du dimanche 8 octobre 2023. « La toiture est partie. J’ai perdu beaucoup de choses. Ensuite, on est venu casser comme ça pour que je libère », raconte-t-elle, la voix légèrement tremblante. La mère de cinq enfants et épouse d’un manœuvre dans divers chantiers doit composer avec sa nouvelle réalité depuis ce jour-là. Terminé le commerce de koki et de vivres secs qu’elle proposait aux riverains. Beaucoup d’entre eux ont perdu la vie.
Désormais, Nkol-Etam à Mbankolo entretient sa zone verte. 28 personnes y ont officiellement perdu la vie et quatre autres n’ont pas été retrouvées. Un an plus tard, des hautes herbes et des arbustes ont envahi les lieux. Des bananiers, avocatiers et pruniers s’y épanouissent de part et d’autre. Sans oublier les fucus plantés il y a peu pour soutenir le sol. De ce côté, il paraît plutôt fragile. L’eau s’y écoule continuellement. « On ne peut pas arrêter cette eau. C’est la source même du Mfoundi. Tout part du haut où il y avait le lac », indique Sylvie Ndjeng Etémé, épouse du chef de ce petit village. Elle joue d’ailleurs les guides pour la circonstance. « Comme vous le voyez, des morceaux du mur énorme qui constituait la digue sont encore là. Vous apercevez mieux l’endroit d’où l’eau est partie », dit-elle. Effectivement, le réservoir qui servait de lac et d’étang à poisson pour le petit village est désormais vide. L’eau venant des rochers creuse son chemin et finit en contrebas. Des blocs massifs de béton sont encore entreposés là. « Nous vivons avec tout cela depuis un moment. Mais il y a deux ou trois mois, des techniciens venant de Razel sont venus travailler. On s’est dit que c’était pour lancer les travaux d’un canal. Mais, rien de concret n’a commencé pour le moment. Si ce n’est les marques sur ces restes de digue », explique une autre riveraine, dont la maison, proche du lac, a été épargnée.
Par contre, une nouvelle limite a été imposée. Plus aucune maison dans les parages. Sinon un immeuble R+1 encore en chantier. Des traces de boue restent visibles sur le mur de l’étage où les travaux sont arrêtés. « Tous les habitants de cette zone à risque ont été sensibilisés et informés de ce que le gouvernement demande de libérer cet endroit. Nous avons fait notre part », confie Hubert Lucas Etémé, chef de Nkol-Etam. D’autres y recueillent de l’eau pour leurs tâches ménagères, lorsqu’ils ne font pas simplement la lessive sur place. « Le réservoir d’eau s’était encore rempli il y a quelques mois. Je me s...

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