Diffusion de la culture entrepreneuriale : tous dans le bain

Le colloque international sur la diffusion de la culture entrepreneuriale s’est achevée mercredi dernier à Yaoundé, avec à la clé de nombreuses résolutions. Celles-ci recommandent principalement l’implication des différents acteurs pour des résultats plus efficaces. Ce « banquet intellectuel » organisé sous le thème « Culture entrepreneuriale au Cameroun : comment dynamiser ce chaînon ? », a rassemblé des participants du Cameroun et d’ailleurs. CT a rencontré le ministre des Petites et moyennes entreprises, de l’Economie sociale et de l’Artisanat qui retrace l’importance de cette rencontre internationale ainsi que ses effets bénéfiques pour l’économie camerounaise. 

Monsieur le ministre, vous venez d’organiser à Yaoundé un colloque international sur la diffusion de la culture entrepreneuriale au Cameroun. Quelle pourrait être la plus-value de la diffusion de la culture entrepreneuriale sur l’économie camerounaise ? 
Avant de parler de la valeur ajoutée du colloque, permettez-moi de situer la problématique que ce colloque a abordé. Notons tout d’abord que le Cameroun comme bon nombre de pays africains a une population essentiellement jeune. Et chaque année, environ 8 millions de ces jeunes prennent le chemin de l’école (maternelle, primaire et secondaire). L’enseignement supérieur quant à lui accueille plus de 400 000 étudiants. Notons également qu’en matière d’offre d’emplois au Cameroun, le secteur privé formel emploie 800 000 salariés tandis que le secteur public en emploie 400 000. En même temps, l’enquête sur l’emploi et le secteur informel (EESI 3) réalisée par l’INS nous révèle que le secteur informel mobilise plus de 3 millions d’opérateurs. C’est dire que la demande d’emplois ne saurait être satisfaite aujourd’hui par le seul canal d’offres d’emplois du secteur public et du secteur privé formel. L’entrepreneuriat devient donc la voie par excellence de création d’emplois et des richesses et se positionne comme le socle du développement économique de notre pays afin de parvenir à l’émergence telle que prônée par le président de la République Paul Biya.
En effet, l’entrepreneuriat est un moteur accélérateur du développement. D’où la nécessité de jeter les bases d’une diffusion de la culture entrepreneuriale dans notre société pour libérer le potentiel qui parfois sommeille chez la majorité de nos compatriotes pour en faire des acteurs de la création des richesses et des emplois. Ce Colloque international a vu la participation active des membres du gouvernement notamment du ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement supérieur, du ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, ainsi que d’autres chefs de départements ministériels représentés ; du secteur privé représenté par le président du Groupement des entreprises du Cameroun et des entrepreneurs, des universitaires et chercheurs nationaux et étrangers, des experts et opérateurs de la société civile. 
En termes de valeur ajoutée, ce colloque a donné l’opportunité aux participants de débattre et de faire des propositions opérationnelles pour assurer la diffusion de la culture entrepreneuriale dans tous les échelons et sphères de la société. Car, il s’agit de changer le paradigme actuel qui a montré ses limites pour déboucher sur une société où l’esprit entrepreneurial qui stimule l’innovation, la créativité, la prise de risque et la réalisation personnelle vont servir de creuset au développement de notre pays. Ceci impactera les politiques publiques d’éducation et de formation, la perception et la place de l’entrepreneur dans la société pour générer plus de prospérité générale.


L’idée de promotion de l’entrepreneuriat est largement partagée par le monde universitaire. Qu’est-ce que votre département ministériel fait pour encourager ce mouvement ? 
Notre département a pour mission de créer un environnement favorable au développement des entreprises et nous avons ciblé l’université comme un lieu propice à la dissémination des initiatives entrepreneuriales. A cet effet, quelques actions phares ont été engagées, notamment le renforcement des structures d'incubation et d'accompagnement. Nous avons ainsi initié la création et l’appui aux incubateurs et accélérateurs, qui sont des plateformes essentielles pour accompagner les porteurs de projets depuis l’idée initiale jusqu’à la phase de maturation et de croissance. Ces structures offrent des services d’accompagnement personnalisé, de mentorat et de mise en réseau avec des investisseurs potentiels. Ainsi, depuis 2016, le ministère a accompagné la mise en place de 15 incubateurs dans les universités d’Etat et grandes écoles, et mobilisé plus de deux milliards de F pour soutenir ces activités d’incubation. Cette année 2024, ce sont les incubateurs de l’Université d’Ebolowa (Enset), l’UIT bois de Mbalmayo et l’UIT de l’Université de Buea qui en ont bénéficié. 
Ensuite, le soutien à l'innovation car à travers le concours annuel de prototypage des innovations des jeunes (Fonds Proto), nous soutenons les jeunes inventeurs proposant des solutions créatives qui se transformeront en biens et services innovants. En matière d’accès au financement, nous travaillons avec le ministère de la Jeunesse et de l’Education civique pour soutenir via des subventions, les start-ups et les Pme des jeunes.  Sur un autre plan, afin de permettre à nos Pme de s’intégrer dans les chaînes de valeurs locales et mondiales, nous organisons des formations pour soutenir, la démarche qualité à travers l’accès aux normes nationales et internationales et pour soutenir l'accès aux marchés nationaux et étrangers.


Quels sont les leviers à activer pour faire de l’entrepreneuriat une véritable culture ? 
Pour faire de l’entrepreneuriat une véritable culture au Cameroun, il est essentiel d’activer un ensemble de leviers stratégiques qui impliquent une approche holistique, mobilisant à la fois les sphères éducative, financière, institutionnelle et sociale. Ces leviers visent à créer un environnement propice à l’éclosion d’un entrepreneuriat dynamique et à la transformation structurelle de l'économie camerounaise. Ceci implique d’abord l’intégration de l’éducation entrepreneuriale à tous les niveaux du système éducatif, dès le primaire jusqu’à l’université. Il ne s'agit pas seulement de sensibiliser à l'entrepreneuriat, mais de développer des programmes scolaires et académiques qui forment les jeunes à devenir des créateurs d'entreprises et opérateurs économiques. Le partenariat avec des institutions du secteur de l’éducation de la formation professionnelle est crucial pour élaborer des modules de formation qui associent la théorie à la pratique, et qui p...

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