Une aventure à déconseiller

Décryptage

C’est une bonne chose de faite : assurer le retour au pays de Camerounais allés chercher fortune ailleurs, dans des conditions inappropriées. Désormais marqués au fer rouge et portant encore les stigmates d’une aventure ambiguë et périlleuse, les rescapés de la traite des Noirs en Lybie assurent haut et fort qu’on ne les y reprendra plus. Du haut des souvenirs douloureux des maltraitances et humiliations subies dans ces contrées qu’ils pensaient naïvement aussi hospitalières que ce cher et beau Cameroun, ils plaident la cause des compagnons d’infortune encore coincés sur le territoire libyen. Fort de leurs malheurs sur cette terre étrangère, ils conseillent à qui veut bien les écouter de ne pas tenter l’aventure.

Mais alors même que les blessures subies par ces compatriotes ne sont pas encore cicatrisées, que leur mémoire est encore écorchée vive des affres de leur triste aventure, d’autres Camerounais sont en train de tenter le saut vers l’inconnu. Se croyant certainement plus forts, plus futés et mieux outillés que les 300 malheureux ramenés au pays ces derniers jours.

Oui, malgré les drames, les marchés aux esclaves, les milliers de morts dans le désert, en mer qui ne cessent d’alimenter les informations internationales… rien ne semble arrêter les candidats à l’immigration partant à l’assaut des côtes européennes. Au grand bonheur des trafiquants dont les revenus sont estimés à 300 millions de dollars par an, selon un rapport de l’Organisation des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

Mais au-delà des passions que le sujet a exacerbées, bien au-dessus des critiques des systèmes de gouvernance mis en place dans les pays subsahariens producteurs de migrants clandestins, tout n’est-il pas question de bon sens et de responsabilité personnelle ? Comment un jeune capable de lever des fonds au travers des prêts et...

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