«La stratégie adoptée est celle du big push »

Pr. Henri Ngoa Tabi, économiste.

Professeur, le président réélu a promis de poursuivre avec le développement des infrastructures au cours de ce nouveau septennat. A votre avis, quelles sont spécifiquement les exigences aujourd’hui pour une économie qui vise l’émergence ?

Je dirais d’abord qu’il est important de poursuivre le développement des infrastructures mais pour le faire, il faut être méthodique. Mais avant de les développer, il va falloir d’abord achever les premières infrastructures qui ont été entamées : les barrages, les routes, etc. Il faut les achever et les connecter au circuit de production afin de dynamiser toute l’économie et bien entendu, le taux de croissance. Aussi, avant de lancer de nouvelles infrastructures, faut-il s’assurer que la maturation de tous ces projets est effective avant le début des travaux. Dans tous les secteurs, il va falloir s’assurer que tout est bouclé en amont et en aval, de la construction jusqu’au circuit de la connexion vers le marché pour que cela puisse être utile. Ces deux étapes sont très importantes. Nouvelles infrastructures, oui mais achever d’abord les premières et ensuite s’assurer de la maturation de la deuxième phase.

Combien de temps faut-il au Cameroun pour rattraper son retard notamment en matière de routes ?

L’analyse à ce niveau ne se pose pas en termes de temps de rattrapage. Il y a une matrice de politique économique qui est le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce). Il y a d’ailleurs un Dsce 2020-2027 qui est en train d’être rédigé. Dans cette matrice de la politique économique, on sait exactement quelle est l’infrastructure qu’on doit réaliser et où on doit la réaliser. On sait pourquoi on veut réaliser cette infrastructure. Soit pour désenclaver les bassins de production, soit pour fluidifier le transit, soit pour fluidifier le transport des marchandises par rails, ports, par voie aérienne. Tout ceci a été étudié, donc on ne construit pas les infrastructures au hasard. En fait, ici il est question de savoir quelles sont les infrastructures qui nous procurent un avantage compétitif à l’immédiat pour que notre économie puisse être robuste. De nombreux projets énergétiques ont été engagés dont certains sont pratiquement bouclés, mais les populations semblent parfois négliger leur impact.

Que faut-il faire de plus pour que ces projets, qui ont englouti d’importants fonds, influencent véritablement l’économie et le quotidien des Camerounais ?

Beaucoup de projets ont été lancés à la fois et la plupart ne sont pas encore achevés et n’ont donc aucun impact sur la vie des populations au quotidien, par exemple les barrages. Actuellement, aucun de ces barrages n’est encore connecté au circuit de production. Memve’ele, Mekin, etc. Du coup, les populations ont le sentiment que rien n’est fait et pourtant le gouvernement en a fait beaucoup. C’est ce qu’on appelle dans le jargon économique la théorie du Big push c’est-à-dire qu’on a lancé La construction de beaucoup d’infrastructure quasiment au même rythme et au même moment. Il faut donc beaucoup de financement pour achever leur construction. Ça revient dans le visage du gouvernement comme un effet boomerang, comme quoi ils ne font rien. Les populations ne sont donc pas en train de minorer l’impact de ces infrastructures mais c’est parce qu’il n’y a pas encore de ressenti. Dès que ces infrastructures seront connectées au circuit de production, il y aura un effet multiplicateur. Ça veut dire que les mégawatts qui viennent de Mekin, de Memve’ele, Une fois connectés au circuit de production, ça implique de nouveaux ménages qui se connectent, de nouvelles entreprises qui se connectent, de la production qui augmentent, les recrutements qui suivent avec la production, des salaires qu’on gagne. Et si on gagne des salaires, on consomme. Ainsi, le taux de croissance de notre économie va connaitre un bond substantiel et les populations vont bien ressentir les effets de ces infrastructures.

Le président de la République attache visiblement du prix à l’économie numérique. L’infrastructure suit-elle la volonté politique réaffirmée ?

L’économie numérique à travers le monde aujourd’hui est une économie qui produit énormément d’emplois, ce n’est pas une vue de l’esprit. Le chef de l’Etat a raison de mettre un point sur l’économie numérique. Actuellement, on dématérialise tout. Que ce soit l’administration, les entreprises, la création des start-up, des initiatives de tout ordre parce qu’on ne peut plus rien faire sans. Le numérique aujourd’hui est un vivier important de créations d’emplois, une source de croissance considérable. Evidemment les responsables en charge de la construction de la fibre optique se déploient dans tous les secteurs. Si d’ici deux ans ils accélèrent, l’infrastructure sera normalement suffisante et permettra une certaine cr&ea...

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