Célestin Tawamba, président du Gicam.
Le chef de l’Etat a parlé de meilleur accueil aux investisseurs et de facilités appropriées à leur accorder. Quel contenu peut-on donner à ces directives pour véritablement améliorer le climat des affaires au Cameroun ?
Je voudrais souligner que lorsqu’on évoque l’attractivité d’un pays ou d’un territoire pour les investisseurs, il convient toujours de garder à l’esprit les deux catégories complémentaires que sont les investissements locaux et les investissements directs étrangers, encore appelés IDE. Les facteurs susceptibles de promouvoir ces deux catégories sont à quelques exceptions près les mêmes. Du reste, les investisseurs étrangers n’ont cessé de dire aux autorités que les clés de leurs décisions, sont entre autres, la qualité de l’entrepreneuriat local et la nature de la considération qui lui est accordée.
Ceci dit, il convient, au regard des chiffres, de constater pour le regretter, que le Cameroun est encore loin de figurer parmi les destinations privilégiées des IDE en Afrique. Rapporté au PIB, le stock des IDE ne s’élevait qu’à 23% en 2016, loin derrière nos challengers traditionnels passés également par des plans d’ajustement structurels comme la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Kenya et même certains pays de la sous-région. A bien examiner, il apparaît que le classement des pays en termes d’attractivité des IDE est corrélé à leur positionnement sur les échelles d’évaluation du climat des affaires.
A ce sujet, le climat des affaires au Cameroun reste encore peu attractif au regard de nombreux handicaps . Le diagnostic et les directives du chef de l’Etat sont pertinents mais il ne suffit pas de dérouler le tapis rouge aux investisseurs à leur arrivée et leur octroyer une série d’avantages fiscaux qui, lorsqu’ils ne sont pas bien encadrés et ciblés, créent des effets pervers et entrainent des ruptures de compétitivité dans certains secteurs comme c’est le cas actuellement de la loi d’avril 2013 sur les incitations à l’investissement privé au Cameroun. Il s’agit là des fondamentaux pour attirer un investisseur, il reste maintenant à assurer une stabilité de l’environnement des affaires.
En novembre dernier, le MINFI a fait le point des propositions que vous lui aviez adressées en matière fiscale. A quel taux sont-elles retenues dans la loi de finances et comment pensez-vous qu’elles peuvent aider à l’amélioration du climat des affaires ?
Au sujet du climat des affaires, un grand nombre de préoccupations exprimées par les chefs d’entreprises se rapportent à la fiscalité à la fois sur l’orientation de la politique fiscale et sur son implémentation opérationnelle. Ayant expérimenté sans succès la démarche de propositions spécifiques par à-coups, nous nous sommes résolus à une proposition consolidée reflétant une approche alternative de fiscalisation susceptible d’enclencher une dynamique vertueuse et mettre fin aux contradictions régulièrement constatées. L’un des écueils qui, selon nous, demande à être levé, est une fiscalisation de fait basée sur le chiffre d’affaires, et donc en marge de l’orthodoxie et même du bon sens selon lequel on prélève l’impôt sur le bénéfice. Il est indispensable et urgent de sortir de ce système de fiscalisation qui est dissuasif et contre-productif.
Partant de tels constats, notre proposition s’est déclinée en un ensemble de mesures formant un tout cohérent et portant respectivement sur la révision du système d’imposition du revenu, l’élargissement de l’assiette fiscale, la rationalisation de certains impôts et taxes, le renforcement des garanties et droits des contribuables et la simplification des procédures et l’amélioration du climat des affaires.
En réponse, le ministre des Finances s’était montré très favorable à cette démarche et, se mettant réellement en avant-garde du dialogue public/privé, il a fait preuve d’une pro activité inédite en revenant cinq mois après nous rendre compte de son traitement. Ainsi, les taux de réponses favorables atteignaient 71% des propositions faites en ce qui concerne la fiscalité interne et 73% de celles relatives à la fiscalité de porte. Mais, les détails de la réponse du MINFI nous laissaient déjà sur un sentiment mitigé dans la mesure où, bien que reconnaissant la pertinence de nos propositions phares, il soulignait que leur mise en œuvre ne pouvait être envisagée à court terme en raison d’un contexte budgétaire diffi...
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