Émergence : quels leviers actionner ?

Le Cameroun doit s’industrialiser et réaliser des taux de croissance plus élevés et sur une longue période pour pouvoir devenir un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure.

Les « dragons » asiatiques tant admirés : Singapour, Corée du Sud, Malaisie, Thaïlande, sont cités parmi les pays émergents. Le bien-être de leur population (santé, éducation, qualité de la vie, revenus élevés), leur prospérité économique et le consensus sur leurs institutions démocratiques stables, les qualifient et les caractérisent. Le Cameroun, comme plusieurs autres pays africains, nourrit également l’ambition, depuis une dizaine d’années, de sortir de la pauvreté et du sous-développement pour atteindre ce stade avancé du développement économique et social. Cependant, réaliser ce rêve n’est pas une mince affaire. C’est comme s’engager dans une course de fond. Car il faut mouiller le maillot et produire des efforts incontournables sur une longue période. A priori, le Cameroun se lance avec un avantage certain, puisqu’il pourrait transposer sur le champ économique son « fighting spirit » qui lui a permis, lors des phases finales des Coupes d’Afrique des nations de football, de se hisser cinq fois déjà sur le toit du continent.                                                                                                                                      

Père de l’idée d’un Cameroun émergent à l’horizon 2035, le président de la République, Paul Biya, maintient le curseur sur cet objectif majeur en dépit des vents contraires auxquels il est confronté. Il garde le cap, tel un navigateur tenace, comme en témoigne la profondeur du volet économique de son message à la Nations le 31 décembre dernier. « Notre objectif demeure d’accéder à l’émergence à l’horizon 2035. Mais, compte tenu de l’instabilité du contexte international et des tensions commerciales qui hypothèquent les échanges, il nous faudra probablement faire des efforts supplémentaires pour rester sur la trajectoire du redressement économique durable de notre pays. Je crois que nous en sommes capables », a-t-il déclaré. C’est dire que le chef de l’Etat est à la fois conscient de l’ampleur du travail qui reste à faire pour ne pas décrocher, mais il sait aussi que le pays peut s’appuyer sur ses nombreux atouts en termes de ressources humaines, de richesses du sol et du sous-sol pour relever ce défi.                                        

Relever le taux d’investissement                                                                                                                              

Les autres leviers à actionner par le Cameroun pour passer du stade actuel de pays à revenu intermédiaire de tranche inférieure à celui de  pays à revenu intermédiaire de tranche supérieure concernent l’union sacrée à bâtir autour de l’objectif visé. Paul Biya, qui avait déjà invité ses concitoyens à faire de la réalisation du projet d’émergence « une cause nationale »,  n’a pas dit autre chose le 31 décembre 2019 en relevant que « ce redressement doit être pour nous tous une ardente obligation qui mobilisera toutes les énergies ». Dans cette phrase s’imposent deux idées-forces : ardente obligation et toutes les énergies. Traduction : nous n’avons pas d’autres choix que de nous battre sans répit pour construire un Cameroun moderne où il fait bon vivre. Bien plus, aucun compatriote, d’ici ou d’ailleurs, ne doit penser que cette œuvre immense est l’affaire des autres. Que non ! Toutes les Camerounaises et tous les Camerounais, comme un seul homme, doivent travailler en synergie, regarder vers la même direction, conjuguer leurs intelligences, transcender leurs différences et en faire une source d’enrichissement plutôt qu’un facteur de division. C’est dire que la « démocratie apaisée » en construction doit se renforcer davantage pour déboucher sur la mise en place d’institutions solides adoptées à l’issue d’une démarche consensuelle. Faut-il souligner à cet égard que la paix et la stabilité sont la condition sine qua non de tout développement ? Sans paix, le pays ne saurait construire et rattraper rapidement le déficit infrastructurel qu’il accuse dans divers secteurs qui sont pourtant les forces motrices du progrès : énergie électrique, routes, autoroutes, ports, aéroports, télécommunications, corridors de transit, etc. Si la modernisation de l’appareil de production tarde à être effective, toute initiative d’industrialisation en vue de diversifier les sources de croissance est vouée à l’échec, même si l’on dispose d’un  plan directeur ambitieux. Cela revient à dire qu’il faut accélérer la réalisation de tous les projets en cours pour être au rendez-vous fixé.                           &n...

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