Evènements tragiques de Ngarbuh : les prescriptions du chef de l'Etat
Le communiqué rendu public hier par le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République à la suite de la Commission l’enquête mixte prescrite par le chef de l’Etat.
« A la suite des évènements tragiques survenus dans la nuit du 13 au 14 février 2020 dans la localité de Ngarbuh, et en exécution des Très hautes instructions du président de la République, Son Excellence Paul Biya, le ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense a mis sur pied, en date du 17 février 2020, une Commission d’enquête mixte avec pour missions (i) de faire la lumière sur les circonstances de la survenue desdits évènements; (ii) d'établir les responsabilités des différents acteurs.
Placée sous l’autorité du secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Défense chargé de la Gendarmerie nationale et présidée par un magistrat militaire, la Commission d’enquête était composée d’officiers des Armées et de la Gendarmerie nationale.
A titre exceptionnel, la Commission d’enquête a fait appel aux services des observateurs suivants:
- Monsieur Chemuta Divine Banda, président de la Commission nationale des droits de l'Homme et des libertés (CNDHL) ;
- Monseigneur George Nkuo, évêque du diocèse de Kumbo ;
- Monsieur Ahmadou Baba Sale, imam de la Mosquée centrale de Ntumbaw;
- Madame Mih Bibiana épouse Dighambong, Chief executive officer (CEO) de l'Organisation non gouvernementale Bihdulem Humanitarian Association of Peace and Hope (BIHAPH) ;
- Capitaine Iberi Ziem Hamed Karim, chef du bureau de prévention du 50e Groupement des Sapeurs-pompiers de Bamenda ;
- Monsieur Chenwi Chrysantus Shu, secrétaire régional de la Commission nationale des droits de l'Homme et des libertés pour le Nord-Ouest.
D’ordre du chef de l’Etat, la participation de l’Organisation des Nations unies aux travaux de la Commission a été sollicitée. Y faisant suite, les Nations unies ont promis un appui technique, auquel la Justice camerounaise, désormais en charge du dossier, pourra recourir en tant que de besoin.
La Commission d’enquête a procédé à des descentes sur le terrain à Bamenda, Kumbo, Nkambé, Ntumbaw, et Ngarbuh, où elle a effectué diverses constatations, collecté et analysé des indices et recueilli des témoignages qui lui ont permis de reconstituer le déroulement de ces évènements tragiques.
Au terme de ses travaux, la Commission d’enquête a abouti aux conclusions suivantes:
- le village de Ngarbuh, situé dans l’arrondissement de Ndu, département du Donga Mantung, région du Nord-Ouest, était devenu un centre de regroupement des terroristes sécessionnistes et un pôle logistique de ravitaillement en armes, munitions et combustibles des groupes sécessionnistes situés dans le département du Bui et une partie du département du Ngoketunjia.
- Ces terroristes se livraient à des exactions diverses contre les populations locales (vol de bétail, viols, agressions, etc.) qui justifiaient une intervention des Forces de défense et de Sécurité aux fins de protéger ces dernières.
- Pour ce faire, une mission de reconnaissance a été autorisée le 12 février 2020 par le chef de bataillon Nyiangono Ze Charles Eric, commandant du 52e Bataillon d’infanterie motorisée (BIM) de Nkambé. Le sergent Baba Guida, chef du Groupe mixte de Ntumbaw la conduisait.
- Le détachement a quitté la base de Ntumbaw le 13 février 2020 à 22 heures avec un effectif de trois (03) militaires et 02 (deux) gendarmes. Au cours de la progression, le chef de détachement a pris l’initiative de se faire accompagner par dix-sept (17) membres d'un comité de vigilance local.
- A l'entrée du village de Ngarbuh, le Groupe s’est séparé en deux équipes pour ratisser les quartiers Ngarbuh 2 et Ngarbuh 3.
- Arrivée dans le quartier de Ngarbuh 3, lieu de la tragédie, l’équipe dirigée par le sergent Baba Guida et composée du gendarme Sanding Sanding Cyrille, du soldat de 1ère classe Haranga et de dix (10) membres du comité de vigilance a donné l’assaut sur la base des informations communiquées par un terroriste repenti et un paysan de la zone.
- Après des échanges de tirs au cours desquels cinq (05) terroristes ont été abattus et plusieurs armes saisies, le détachement a découvert que trois (03) femmes et dix (10) enfants ont péri du fait de son action.
- Pris de panique, les trois (03) militaires aidés par certains membres du comité de vigilance ont tenté de masquer les faits par des incendies.
- Revenu à Ntumbaw, le sergent Baba Guida qui a conduit l'opération, a adressé à sa hiérarchie un compte rendu volontairement biaisé. Compte rendu sur la base duquel le Gouvernement a initialement fondé sa communication.
Au plan des responsabilités, la commission a établi que:
- le chef de bataillon Nyiangono Ze Charles Eric, commandant du 52ème Bataillon d’infanterie motorisée (BIM), connaissant pourtant la sensibilité de la zone de Ngarbuh, où existent de vives tensions intercommunautaires, n’a pas personnellement supervisé l’opération menée par ses hommes;
- le sergent Baba Guida a associé des civils armés à une opération militaire, n’a pas maîtrisé ses hommes au cours de ladite opération, a ordonné l’incendie de maisons et volontairement travesti le compte rendu de l’opération et son bilan;
- le gendarme Sanding Sanding Cyrille, a participé à une opération ayant causé la mort de plusieurs personnes et des incendies de maisons;
- le soldat de 1ère classe Haranga, a participé à une opération ayant causé la mort de plusieurs personnes et des incendies de maisons;
- les dix membres du comité de vigilance engagés à Ngarbuh 3, non encore identifiés, ont participé à une opération ayant causé la mort de plusieurs personnes et des incendies de maisons.
Le président de la République, ayant pris connaissance du Rapport de la Commission d’enquête a prescrit les mesures ci-après:
L'ouverture d'une procédure disciplinaire contre le chef de bataillon Nyiangono Ze Charles Eric, commandant du 52e Bataillon d’infanterie motorisée (BIM) et tous les militaires ayant participé à l’opération de Ngarbuh;
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