« Construire une coexistence pacifique durable »

Pr Paul Abouna, anthropologue, Maître des conférences à l’Université de Yaoundé I.

Pourquoi  avoir  entrepris ces travaux sur la consanguinité des Camerounais ?

Un livre c’est un texte qui est le contenu du livre, un contexte qui est l’environnement dans lequel il baigne, un para texte, donc les éléments qui enveloppent le livre, notamment l’iconographie, les couleurs de couverture… mais également un prétexte qui sont les raisons qui amènent l’auteur à écrire. S’agissant de ce dernier point, je suis un enseignant-chercheur des universités d’Etat du Cameroun. En règle générale, les enseignants des universités chrétiennes défendent la foi et la doctrine chrétienne, les enseignants des universités musulmanes défendent l’Islam, etc. Lorsque l’Etat et ses fondements se trouvent menacés comme c’est le cas ici chez nous depuis quelque temps par différents occurrences et mécanismes, il est du devoir des enseignants des universités d’Etat de défendre cette institution qui est leur principale raison d’être, chacun avec les arguments qui relèvent de sa spécialité.

Quels indices vous ont mis sur cette piste ?

Il suffit de séjourner quelques jours au Cameroun pour se rendre par soi-même à l’évidence d’un certain nombre de connivences liées à la consanguinité : la diaspora Fang (les Fang du Sud, les Fang de la Menchum dans le Nord-ouest, les Befang de la Menchum, les Bifang de la Momo dans le Nord-Ouest, les Bafang de l’Ouest, etc.). Tout comme il n’est pas rare de constater que les cultures des zones dites anglophones par exemple portent les mêmes anthroponymes que celles des peuples de la forêt : Atanga, Ndi, Tabi, Abouna, Manga, Okiye, Inoni, Ngah, Akum, Ndongo…

Comment avez-vous procédé pour retracer les données qui constituent votre ouvrage ?

L’anthropologie est une science de terrain. J’ai toujours profité de chaque occasion de travail de terrain pour collecter le maximum de données possibles. Et actuellement dans nos universités, le numérique qui nous permet d’interagir avec nos étudiants est aussi une opportunité de collecte des données à distance, une fois que l’on a quitté le terrain où si l’on est dans l’impossibilité de s’y rendre physiquement. Et puis, il faut dire que tout est trace ou indice : les cosmogonies, la médecine traditionnelle, les systèmes de croyance, les systèmes matrimoniaux, les danses, les chorégraphies, l’art, etc. Il faut tout simplement être cultivé ou initié à l’architecture scientifique de construction des ponts entre ces différents éléments de nos cultures.

50 au lieu de 300 ethnies au Cameroun… Pensez-vous que cette thèse puisse être acceptée par la communauté nationale ? 

Il faut signaler d’emblée que le chiffre 50 reste ici une hypothèse et à titre indicatif. Hypothèse selon laquelle le nombr...

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